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  • « Mozart composait-il en aryen ? » extrait d’une lettre de Richard Strauss adressée à Stefan Zweig lors de son exil à L

     

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    L’illustre compositeur allemand, Richard Strauss, sollicite les talents de librettiste du très sensible, écrivain autrichien d’origine juive, Stefan Zweig. Cette « Collaboration » est le fruit d’une admiration mutuelle partagée par les deux artistes, puis ces échanges artistiques se transforment en amitié. Emmené tout entier par son art, voué corps et âme à son expression artistique, Richard Strauss impose le nom de Stefan Zweig sur les affiches de l’opéra qu’ils créent ensemble « la Femme silencieuse », cette œuvre ne se jouera que trois fois à Dresde… Adolphe Hitler a pris le pouvoir, en 1935 Stéphan Zweig quittera l’Autriche pour Londres, un long et interminable exil suivra jusqu’au Brésil. 

    Ronald Harwood, l’auteur, livre ici une remarquable leçon d’humanité. Une humanité qui n’est jamais tout à fait blanche, ni tout à fait noire, une humanité aux teintes grises pleine de nuances. Il soulève un questionnement philosophique essentiel sur l’Art, son terrain d’action et l’étendue de ses limites, et aussi sur la « fonction » même d’un artiste, le rôle qu’il tient au sein de la société, sa représentation, et sa foi en l'art.

    La seconde guerre mondiale et son épouvantable déchaînement d’antisémitisme est certainement l’époque qui a reflétée ce qu’il y a de pire au cours de notre histoire proche. Et cette période, Ronald Harwood sait la décrire avec subtilité. La précision des dialogues est révèlée par un trait commun à la musique et à l’écrit : le ryhtme ! Et, « Collaboration » est servie par une mise en scène de Georges Werler tout aussi délicate placée dans l’écrin des décors très raffinés d’Agostino Pace.

    Les comédiens (tous!) se glissent dans leurs personnages avec une habileté sans égal. Michel Aumont est totalement habité par Richard Strauss, et il en est de même pour Didier Sandre dans le rôle de Stefan Zweig ; la renommée et la grandeur de ces deux Monstres du théâtre sont aussitôt oubliées dès leurs premiers pas sur la scène du Théâtre de la Madeleine pour laisser vie à Stefan Zweig et Richard Strauss. Et puis, il y a la grâce, celle de Pauline Strauss, ou plutôt celle de Christiane Cohendy, un hommage tout entier rendu à toutes les femmes ; avec humour et raison, Christiane Cohendy canalise les affres de l’artiste, argumente pertinemment le propos, réserve de délicieuses sorties, un régal.

    À n’en pas douter, Zweig et Strauss sont bien présents à chacune des représentations, attentifs, par-delà le paradis des artistes, ils doivent être ravis de voir ainsi leur « Collaboration » continuer d’une aussi belle façon sur les planches du Théâtre de La Madeleine. Quand de grands artistes s’emparent ainsi avec autant d’élégance de l’histoire d’autres grands artistes, une nouvelle histoire naît, intemporelle, elle gagne l’immortalité, une œuvre toute neuve s’inscrit. Bravo. 

    Laurence Caron-Spokojny

    Photo : Bernard Richebé

    Renseignement ici. 

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  • « La beauté de Rome ne répondait pas à la majesté de l'Empire (...). Il l'embellit tellement, qu'il se vanta avec raison

    auguste-affiche.jpgVoici deux mille ans, à l’âge de 75 ans, l’empereur Auguste quittait ce monde. La Réunion des Musées Nationaux, plus précisément Le Louvre et Les musées du Capitole de Rome ont mis en scène, dans les salles des Galeries nationales du Grand Palais, le long règne du premier empereur romain de l’Histoire, Octave dit Auguste.

    Neveu et fils adoptif de Jules César, Caius Octavius Thurinus souhaite venger l’assassinat de César. C’est donc dans un climat de guerres civiles que le jeune Octave débride peu à peu son ambition. Dix sept-ans après le premier triumvirat (César, Pompée et Crassus), Antoine, Lépide et Octave se partagent le pouvoir pendant dix ans jusqu’à la bataille navale d’Actium et la conquête de l’Egypte (qui poussera Antoine et Cléôpatre au suicide). Après ces victoires, en 27 av. J.C., le Sénat proclame Octave : Augustus (vénérable, consacré), il est alors le premier empereur romai

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  • « Moins 2 » au Théâtre Hébertot : une chronique drôle et poignante de deux morts annoncées ; écrite par Samuel Benchetri

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    Deux hommes sont étendus sur les lits métalliques d’une salle de réanimation. Ils se réveillent, un médecin fait son entrée et annonce, d’une façon tout à fait décontractée, qu’ils n’ont plus que quelques jours à vivre. Espiègles et fatalistes, les deux hommes semblent avoir largement dépassé la soixantaine, ils décident de quitter l’hôpital pour s’éloigner de cette mort.

    C’est une lente dégringolade, deux hommes se dirigent vers la mort pour finalement partir à la rencontre de leur vie, malgré tout et malgré eux. Résignés, ils vont ensemble, unis par une amitié soudaine, modifier un peu le court de leur histoire. Le constat de ces deux vies s’avère grinçant, amer, acide, cynique… mais tellement drôle ! 

    Il faut être un poète pour dire si simplement les choses de la vie. Samuel Benchetrit est un poète. L’auteur délie quelques délicats apartés lyriques, dans lesquels les vies des personnages sont racontées, pour laisser respirer des dialogues qui coulent naturellement dans une sorte d’étrangeté du réel. Le propos déstabilise souvent, le talent de Benchetrit est aussi celui de nous faire rire et pour cela Philippe Magnan et Guy Bedos se révèlent des maîtres de l’humour pince-sans-rire.

    À l’origine, les charismatiques Jean-Louis Trintignant et Roger Dumas avaient créé les rôles, aujourd’hui Guy Bedos et Philippe Magnan enchaînent avec maestria. Philippe Magnan est très habile, avec son allure statique et son regard appuyé, à faire passer une grande émotion alors que Guy Bedos fulmine toujours autant avec son caractère qu’on lui connaît, emporté, un peu râleur et tellement séduisant.

    Les deux personnages sont au seuil de la mort, ils contemplent leurs vies. Complices et touchants, les silences sont aussi forts que les questionnements. Selon le rythme du Théâtre de l’Absurde, les vies des deux hommes sont égrenées, au fur et à mesure que la salle de réanimation s’éloigne. Symbole implacable de leur fin de vie, le lieu semble figurer un suicide annoncé, la résignation des deux hommes est dénuée de pathos ou de mélancolie inutile, la mort n’est pas un sujet grave, seul le vécu compte.

    Audrey Looten et Manuel Durand accompagnent Guy Bedos et Philippe Magnan, avec talent, voici encore une pièce pour laquelle les seconds rôles (cf.Victor à Hébertot) ont été écrits avec une grande attention, leur interprétation est remarquable.

    Dans nos sociétés, où les propos sont souvent lissés au peigne fin, « Moins 2 » au Théâtre Hébertot est une pièce qui régénère ! L’écriture fine de Samuel Benchetrit, et, l’interprétation de haute volée de Bedos et Magnan fouettent le sang pour nous rappeler que l’humour reste l’unique moyen de nous exprimer face à tous, et de nous en sortir face au pire.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • ”La chanson de l'éléphant” en tournée, le 9 octobre au Sel à Sèvres... à ne pas manquer

    "...La vidéo de Léonard et le décor très cinématographique de Sophie Jacob renforcent l'ambiance de thriller psychologique, la silhouette d'Alfred Hitchcock semble parfois se dessiner et les couloirs de l'hôpital psychiatrique de "Vol au dessus d'un nid de coucou" s'étirent derrière la porte..."

    Lire l'article ICI

    Le Sel, Sèvres.

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  • L'infaillible beauté du mouvement dessiné par Angelin Preljocaj dans «Retour à Berratham » au Théâtre National de Chaill

    Angelin Preljocaj,Laurent Mauvignier,Retour à Berratham,Emma Gustafsson,Niels Schneider,Laurent Cazanave,Cécile Giovansili-Vissière,théâtre national de chaillot,Adel Abdessemed,Cette année, la création d’Angelin Preljocaj «Retour à Berratham» a été présentée dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes du Festival d'Avignon. À son tour, le Théâtre National de Chaillot invite, jusqu’au 23 octobre, l‘œuvre tripartite du chorégraphe Angelin Preljocaj, de l’écrivain Laurent Mauvignier et du plasticien Adel Abdessemed.

    « L’histoire débute là où une pièce de guerre se terminerait », écrit Laurent Mauvignier. Aux yeux d’Angelin Preljocaj, il s’agit surtout d’une quête, celle de ce jeune homme qui revient à Berratham à la recherche de celle qu’il aime, Katja. Il ne reconnaît plus rien. Et en cherchant Katja, il se retourne sur son enfance, son passé. 

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    Les sentiments palpitent, s’enchaînent et se déchaînent, à très grande vitesse en temps de guerre, les Hommes se retranchent dans leurs instincts les plus vils ou bien ils s’approchent du sublime. Le sujet est hélas à conjuguer au passé, au présent, mais aussi au futur. Les Hommes n’ont pas fini d’en découdre, et les grands artistes sont là pour nous faire partager leur regard sur le monde. «Retour à Berratham» est dans cette veine, une tragédie que l’on souhaiterait uniquement contemporaine…

    La première collaboration entre l’écrivain Laurent Mauvignier et le chorégraphe Angelin Preljocaj date de 2012  (« Ce que j’appelle oubli »). Laurent Mauvignier est un habitué du genre, le drame, la guerre, rien ne l’effraie et il aime à disséquer par des phrases longues, torturées et sincères, les dégâts humains. Sur le même propos, Angelin Preljocaj bien qu’il soit né en France, semble se faire l’écho, dans une grande partie de sa création, des atrocités de la guerre, une sorte de résilience en somme, certainement liée à l’histoire subie par le peuple albanais dont sa famille est issue.

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    Sur le fond noir et lumineux de Cécile Giovansili-Vissière, le plasticien Adel Abdessemed enveloppe danseurs et comédiens dans une scénographie graphique aux lignes métallique, à la fois cages d’acier, barrières glissantes et hautes frontières. Le propos est d’une violence extrême dans sa représentation plastique autant que par ses mots. Les mots dénués de fioritures de Laurent Mauvignier, ce sont Laurent Cazanave et Niels Schneider qui les appuient et les timbrent par leurs voix fortes et articulées, et, l’intense Emma Gustafsson, habituée du Ballet Preljocaj, saisie son auditoire par son accent froid et sonore.
    Il s’agit donc de Théâtre ? ! Pas tout à fait, une œuvre contemporaine certes mais qui renoue aussi avec une tradition du spectacle, plus ancienne, celle de la tragédie antique. Angelin Preljocaj tisse un lien savant entre les arts. Parfois, le spectateur bousculé, s’égare, troublé par trop de perceptions, trop de phrases peut-être, il y a tellement de choses à voir, à écouter, à ressentir. Ce bouleversement désordonné semble être nécessaire comme un fait exprès souhaité par Preljocaj, on accepte de lui faire confiance.

    Car, malgré le propos très sombre, le chorégraphe fascine par sa proposition toujours poétique et aérienne du mouvement. Les fantômes malveillants n'assombrissent en rien l'esthétisme du chorégraphe et c’est heureux ! Les caractères beaux, forts et variés du Ballet Preljocaj glissent avec ce naturel si particulier sur le plateau de la Salle Jean Vilar, c'est une interprétation sensible, les danseurs sont exceptionnels. La chorégraphie de Preljocaj reste musicale et patiemment renouvelée : des pas de deux déliés d’une grâce incomparable et des groupes symphoniques, terriblement envahissants, ou poignants comme ce chœur de femmes qui dessine d’un même élan une sorte de dignité tragique.   

    Les dommages collatéraux des guerres et les affres de cette Humanité qui hésite encore à effacer ses frontières physiques, sociales ou morales, tout cela est dit en une seule œuvre. La charge est lourde. Mais rien, absolument rien, ne distrait le chorégraphe, peut-être même malgré lui, Angelin Preljocaj représente toujours ce qu’il y a de plus beau dans notre monde.

    Laurence Caron-Spokojny

    Crédits :
    © Jörg Letz - www.joerg-letz.com
    © Adel Abdessemed, ADAGP Paris - Retour, 2015 - 184 x 130 cm - Pierre noire sur papier
    © JC Carbonne

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  • « Les Voisins » au Poche-Montparnasse : des scènes de la vie ordinaire pour une pièce tout à fait extraordinaire !

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    « Ils s’appellent Laheu et Blason. Ils habitent deux maisons jumelles, ce dernier avec sa fille, l'autre avec son fils. Les deux maisons ont une terrasse commune. Un lien de voisinage, quand ça s’y met, on ne fait pas plus fort ; comme attache, c’est plus fort que le mariage, que l’amitié ou l’amour-passion ; et puis c’est autre chose.
    Il semble que rien ne puisse leur arriver, tellement ils sont bien calés dans leur microcosme, tous les quatre. Et puis il leur en arrive des masses. Le monde extérieur leur tombe dessus. C’est un tourbillon, une tempête qui dévaste, arrache tout, qui dresse les deux bonshommes l’un contre l’autre dans un égarement sans nom ; Alice et Ulysse, leurs enfants, on pourrait dire qu’ils s’accrochent, comme à un bout d’épave : s’engloutiront-ils ?
    Et puis, qui aurait pu le prévoir ? Le microcosme se recompose, le lien de voisinage se reforme, décidément il y a là quelque chose qui est plus fort que tout. Il suffit de dire ça et voilà qu’une nouvelle tornade... mais les choses cette fois tournent autrement. » 
    Michel Vinaver.

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    Pour le meilleur et pour le pire, ils sont voisins pour la vie. La confiance, l’amitié, le respect laissent soudain la place à la suspicion, la haine et le mépris. Comment des scènes de la vie ordinaire se transforment-elles en une tragédie Shakespearienne ? Sous la plume de Michel Vinaver, tout est possible.

    En bref, l’étonnant homme est né en 1927, il a écrit ses premières pièces à neuf ans, il a étudié à Annecy, Paris et New-York, puis désireux de conserver une indépendance financière il entre comme stagiaire dans l’entreprise Gillette, il en deviendra PDG quelques années plus tard en Italie puis en France. Michel Vinaver est le père de l’actrice Anouk Grinberg et depuis une dizaine d’années, l'intellectuel mais aussi l'artiste sensible s’est lancé dans la mise en scène, en 2009 avec « L'Ordinaire », œuvre entrée au répertoire de la Comédie-Française.

    Albert Camus ou Roland Barthes ont reconnu et salué le talent de cet immense auteur à la fois explorateur du quotidien, visiteur de vies, et visionnaire du Monde. Avec une simplicité désarmante, Michel Vinaver décrypte l’Humanité avec précision, rien n’est laissé au hasard. Cette très délicate dissection des sentiments humains projette le spectateur, dans un réalisme étourdissant. Réalisme dans lequel les quatre acteurs : Patrick Catalifo, Lionel Abelanski, Alice Berger et Loïc Mobihan, se sont engagés. Ils sont lumineux. Patrick Catalifo campe un «Blason» truculent, d’une énergie folle, alors que Lionel Abelanski joue en écho le rôle de «Laheur», tout en retenue, savament dosée, le duo est magistrale. Sensibles et élégants, Alice Berger est « Alice » et Loïc Mobihan est « Ulysse », ils sont de merveilleux Pierrot et Colombine. 

    Et puis, il y a un phénomène fondamental qui devient de plus en plus rare au Théâtre, ces quatre comédiens se regardent, s’interrogent et se répondent, ils jouent et donc vivent ensemble. Ainsi leur façon tout à fait juste de se coller à leurs personnages, et, d’épouser ces tranches de vie poétiques, amplifient la sincérité du propos. Le réalisme est à son comble, dans un décor géométrique, immaculé, toute la place est laissée aux émotions colorées des quatre personnages et la mise en scène de Marc Paquien résiste très intelligemment à l’énergie des sentiments déployés, rien ne se cogne malgré la violence des chocs... Le Poche-Montparnasse offre une de ces plus belles scènes, je parie déjà que cette pièce sera un des grands succès de l’année.

    La prochaine pièce, et la plus récente œuvre écrite, de Michel Vinaver, «Bettencourt Boulevard ou une histoire de France» sera mise en scène par Christian Schiaretti, et est attendue au Théâtre National Populaire de Villeurbanne en novembre 2015, avec les protagonistes, sous leurs vrais noms, de l’affaire : Liliane Bettencourt et sa fille, Nicolas Sarkozy, Patrice de Maistre, François-Marie Banier, Claire Thibout, Eric Woerth, Lindsay Owen-Jones. Je réserve un aller et retour Paris-Lyon, et vous ?

      Laurence Caron-Spokojny

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  • Au Théâtre (de la Madeleine) comme au cinéma : tout est possible. Pour cette fois, Le Roi Lear est à Hollywood...

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    Les 2 h 45 sont passées à la vitesse de l’éclair ! C’est le pari, un peu gonflé, remporté par le metteur en scène Jean-Luc Revol au Théâtre de la Madeleine pour cette  adaptation du Roi Lear.

    Dans un écrin Hollywoodien, à la veille de la crise de 1929, le monde est en train de changer : une nouvelle fois le chef-d’œuvre de William Shakespeare s’adapte à tous, à toutes les circonstances et à toutes les époques.

    Sur le ton de la farce, la pièce démarre sur les chapeaux de roues, les tirades célèbres sont parfois un peu escamotées mais Shakespeare n'en prend pas ombrage. L’esthétisme des années trente par ses costumes élégants renforce l’atmosphère « fin de règne » et l’éclat hypnotisant des personnages démoniaques qui glissent inévitablement vers d’obscurs abysses.

     

    Les jeunes s'élèvent quand les vieux tombent. : pour l'heure, la tirade de Shakespeare n'est absolument pas exacte. Michel Aumont est un roi absolu, cela on le savait déjà ; il déguste Lear avec une tendresse tourmentée et fragile, il est le témoin, non pas fou mais vieillissant, de la tragédie et nous propose d’observer l’histoire par son regard sincère et son délicat ressenti. La diction de Jean-Paul Farré n’est hélas plus toujours parfaite mais le grand comédien avance lui aussi sur la corde sensible et touche juste, droit au cœur.
    Marianne Basler maîtrise, elle, sa partition avec une assurance insolente, aux côtés de ses sœurs Agathe Bonitzer (furieuse) et Anne Bouvier (lumineuse). Admirables, Denis D’Archangelo et Bruno Abraham-Kremer déroulent chacun un registre original qui fourmille d’inventions de jeu. 
    Enfin, lorsque William Shakespeare amorce le dérapage de ces personnages vers une violence extrême, les scènes prennent des allures felliniennes, irrésistiblement grotesques.

    Il y a donc quelques hésitations, les comédiens cherchent parfois leur place, le parti pris scénographique ne semble pas toujours bien huilé, et il est à regretter aussi que l'ambiance cinématographique ne soit pas suffisament explorée. Pourtant, ce manque de précision ne gêne en rien la portée du chef-d’œuvre, le rythme est enlevé et l'instant partagé avec ces quinze comédiens est tout à fait divertissant.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Solstice par la compagnie Blanca Li au Théâtre National de Chaillot, jusqu'au 13 octobre

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    Au départ, Martha Graham, Alvin Ailey et le hip-hop ont abreuvé les sources de la belle andalouse. La science du mouvement aussi vite dépassée, il a été question pour Blanca Li de dire des choses, des choses telles qu’elles sont, des choses sur le temps qui passe, des choses de la rue, des choses qui claquent, des choses de la vie en somme. Ce talent pour ce monde solaire, Blanca Li le projette dans des univers contrastés, des planches du Metropolitan Opéra au dernier clip publicitaire de Beyoncé. Blanca Li crée, comme une enfant qui dessine des paysages au stylo feutre avec cette sorte d’élan enchanté, une naïveté tendre infiniment attachante et une volonté farouche !

    Pour « Solstice », véritable ballet « engagé », le mouvement demeure essentiel mais il n’est que la composante d’une expression radicale qui se fond dans la musique et dans des chants envoûtants. La chaleur du soleil d’Afrique se confronte aux Océans déchaînés (filmés par Yann Arthus-Bertrand pour Human), et le ciel, un ensemble de tulles aériens, qui capte la lumière, n’a de cesse de venir mourir et renaître sur la Terre.

    Et puis il y a les danseurs, des danseurs-acteurs qui se débattent entre les éléments. Expressifs et épanouis, les personnalités fortes qui forment la compagnie de Blanca Li ne sont jamais gommées. C’est un déchaînement, du vent, des déserts, des tempêtes et des vagues pendant que le rétrécissement désespéré de la banquise se fait entendre à grands coups de percussions, la musique de Tao Guitierrez grave le ballet dans une matière brute. L’Humanité est en péril, Blanca Li nous le crie par sa danse. Inévitablement, de cette grande fresque écolo il est possible de tisser des liens avec les ballets de Béjart : l’engagement sincère, un certain goût pour la lutte, la synthèse du chant et de la danse, une sorte de mysticisme, une danse métissée et recherchée aux confins des danses tribales, et enfin le souci de plaire à un très large public. 

    A la fin du spectacle, Blanca Li invite son public à danser... Il était temps, dans les rangs du public de Chaillot, certains se trémoussent déjà sur leur fauteuil. A croire que la danse n’est finalement qu’un prétexte pour laisser libre cours à la générosité magnifique de Blanca Li. 

    Laurence Caron

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  • Cirkafrika par le Cirque Phénix, Pelouse de Reuilly-Vincennes, jusqu'au 21 janv.2018, puis en tournée !

    CIRKAFRIKA-3_3701275070538655701.jpgLe cirque Phénix n’est pas un cirque comme les autres. Il n’y a pas d’animaux -enfin pas des vrais- c’est toujours ce qu’il faut dire aux enfants avant, pour qu’il ne soient pas déçus. Il n’y a pas de poteaux non plus entre les spectateurs et la piste, c’est un détail qui peut sembler uniquement technique mais qui prend tout son sens, il modifie la physionomie des lieux et apporte un confort visuel radicalement différent.
    En fait, le Cirque Phénix s'est éloigné du cirque classique pour en garder le meilleur...

    Alain Pacheri est le maître des lieux, il est aussi Président du Festival Mondial du Cirque de Demain, le plus grand festival international de cirque moderne, et le Président de l’Académie des Arts du Cirque Fratellini : Alain Pacheri est un homme qui a réalisé ses rêves d’enfant.


     

    Pour ceux qui connaissent, il est tout à fait possible de tisser des liens avec les shows thématiques du Cirque du Soleil notamment par la multiplication des disciplines artistiques qui se fondent dans un même spectacle. Les exploits des artistes s’expriment avec un sens de l’esthétisme jamais ignoré, le spectateur est embarqué vers une destination qui prend l’allure d’une épopée légendaire, c’est le concept du Cirque Phénix.
    Des Rives de Zanzibar aux portes du l’Orient, le nouveau spectacle Cirkafrika 3 inaugure la dix-septième année d’existence du Cirque Phénix. Le voyage commence sur une piste surchauffée aux arrangements chaleureux d’un orchestre en live. Pas moins de cinquante artistes, des acrobates et équilibristes, et pas seulement puisqu’ils sont aussi des danseurs, entraînent avec eux les couleurs et les rythmes de l’Afrique. Il faut faire confiance à Joe le clown, lui emboiter le pas et ne pas le quitter, puis se laisser aller à l’étonnement…
    Cirkafrika est une véritable fête, parfaite pour supporter l'entrée dans l’hiver parisien ! Absolument pour TOUS.

    Laurence Caron

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  • Light Bird ou L’invite - Luc Petton au Théâtre National de Chaillot, jusqu’au 13 mai

    La Salle Jean Vilar du Théâtre National de Chaillot s’est tranformée en volière, un voile délicat sépare la scène des rangs des spectateurs comme une invisible frontière volontairement tendue entre l’aérien et le terrestre.

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    Light Bird@Virginie Pontisso 

    Une danseuse aux longues jambes articule ses déplacements selon les flexions de son long port de tête, le rythme est gracieux, raffiné et follement interéssant. La musique aux instruments chantants de Xavier Roselle s’empare de l’espace sonore dans un naturel déconcertant. Les danseurs, Sun-A Lee, Yura Park et Gilles Noël s’avancent nullement encombrés par leurs ailes de géants (pour contredire Baudelaire), ils s’oub

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  • Attention ! Invasion de jeunes, et déjà grands, talents sur la scène du Théâtre du Châtelet : ”Les indiens sont à l'Oues

    "Passionné de cinéma, François, dont le rêve est de devenir réalisateur participe à un concours réservé aux adolescents. Les trois meilleurs films auront le privilège d’être projetés dans le cadre d’un prestigieux festival. Il choisit de raconter la résistance des Amérindiens face à l’invasion des colons blancs durant la seconde moitié du XIXe siècle.
    Un projet bien ambitieux pour un garçon de quinze ans…"

    Pour découvrir le CREA, rendez-vous ici.

    160-1423579919_photo_hd_22434.jpgLa première fois que j’ai entendu et vu le CRÉA d’Aulnay à l’œuvre, c’était déjà dans l’idée d’une collaboration éventuelle… Quelle claque ! Ils savent tout faire, danser, chanter, jouer la comédie, inventer, improviser. Des gamins, des ados, filles, garçons dans la même dynamique, fonctionnant comme une vraie troupe, wow ! C’est du sérieux ! Ma première réaction a été de me demander si je saurais écrire pour ces exigeants petits maestros. Didier Grojsman - magicien de ce miracle - sait se montrer extrêmement convaincant… et patient ! Il aura fallu cinq ans pour que nos calendriers concordent ! J’ai accepté ce challenge avec une petite boule au ventre de trac parce que je sais qu’intéresser les adultes est une chose, intéresser et accrocher les enfants et les adolescents c’en est une autre !

    Et puis je ne savais pas trop par quel bout commencer cette écriture jusqu’à ce que je comprenne qu’il fallait que je fasse comme pour moi : des chansons et un prétexte ! J’ai adoré mettre des notes sur les mots de Christian Eymery parce qu’il a un sens du rythme incroyable ! À la lecture de ses vers, déjà on entend rouler la musique. Avec la complicité de Franck Steckar, qui a relu, harmonisé parfois, arrangé souvent, ces chansons ont fini par former un tout, un prétexte : une histoire de cowboys, d’indiens et de cinéma ! Et hop ! Finalement, avec une bonne équipe c’est toujours plus simple que prévu !

    Juliette

    Du 2 au 4 avril au Théâtre du  Châtelet, par les artistes du CREA

     

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  • Le Dernier Testament au Théâtre National de Chaillot, jusqu'au 3 février

    olindo bolzan,stéphane facco,gaël kamilindi,lou de lââge,jocelyn lagarrigue,nancy nkusi,morgan perez,philippe berthomé,stephan zimmerli,marc lainé,mélanie laurent,ledernier testament,théâtre national de chaillotS’emparer du best-seller américain Le Dernier Testament de Ben Zion Avrohom de James Frey était un sacré défi.
    Mélanie Laurent l’a fait, approprié, adapté, mis en scène et enfin livré en pâture au public et à la critique. Un mets de choix.

     

    Top of the pop

    Mélanie Laurent sait bien s’entourer : Marc Lainé et Stephan Zimmerli à la scénographie, et Philippe Berthomé à la création lumière. La belle actrice, et réalisatrice engagée, s’est aussi très bien inspirée, en mettant en scène ce qui se fait de mieux mais en omettant aussi que ce qui est attendu est aussi ce qui a déjà été vu. Le Théâtre ne fait pas de cadeau. Dans le foisonnement des propositions contemporaines des théâtres subventionnés, il est difficile de se distinguer. Ils sont nombreux à bousculer les codes, à faire bouger les lignes. Quant aux mises en espace scéniques, cet apparent dépouillement -très fréquent- il est le signe d’une époque en crise ou sorte de provocation face à une société archi matérialiste, le grand écart est périlleux, il faut tenir l‘équilibre pour éviter de tomber dans le médiocre : ‘ce qui est à la mode’. Cet équilibre là, Mélanie Laurent le tient, même si cela vacille un peu…

    Comme un air de déjà vu

    La terre battue qui couvre le plateau de la salle Jean Vilar de Chaillot n’est pas aussi noire que celle que l’on a vu se soulever sous les pas des danseurs de Pina Bausch quand ils ont célébré Le Sacre du Printemps, pour la première fois en 1975. Comme pour le tournage d’un film, des projecteurs marquent l’espace du plateau de Chaillot, dans un coin une petite table en formica, croulant sous les livres, a ce je ne sais quoi de chiche, un rien bobo chic, un peu comme cette petite salade bio ornée d’une demie tranche de saumon, sur le bord du canal Saint-Martin, et qui allège le budget autant qu’une semaine de courses pour quatre personnes… Très poétiques enfin, les effets vidéo recherchés et joliment conçus sont soutenus par un accompagnement musical minimaliste opposé à des envolées pianistiques plutôt lyriques comme issues d’un film de Jane Campion. 

    Voici, la bienveillance du Théâtre subventionné au décor faussement déshabillé, « façon épure », tout en nous mâchant le travail : s’il s’agit d’un enfant on entend son rire, si les anges sont évoqués on entend leurs chants qui flottent au dessus du public. Et puis, une petite sphère bleue descend des cintres, la Terre paraît si dérisoire, autant que ce ciel d’ampoules à filament, digne du rayon électricité au complet du BHV, qui prend l’allure d’une voie lactée aux âmes évaporées… 

    Le mieux est l’ennemi du bien

    Les comédiens : Olindo Bolzan, Stéphane Facco, Gaël Kamilindi, Lou de Lââge, Jocelyn Lagarrigue, Nancy Nkusi et Morgan Perez sont remarquablement bien dirigés par Mélanie Laurent, ils ne semblent pas du tout effrayés par la taille du plateau de Chaillot. L’adaptation, conçue avec Charlotte Farcet, est floue dans la première partie du spectacle, les comédiens sont les narrateurs de l’histoire avant de l’interpréter. Puis, quand enfin l’action prend le pas sur le récitatif, les comédiens se révèlent, il y a des fulgurances, de la tendresse, des petites trouvailles amusantes, des idées que l’on sent prêtes à émerger et puis : « à trop vouloir analyser, on tue l’émotion »*, c’est peut-être ce qu’il s’est passé…

    De l'amour à donner

    C’est une étrange idée que d’être allé chercher ce messie américain, pour une première fois au Théâtre, il n’était peut-être pas nécessaire d’aller aussi loin pour exprimer des choses qui sont si près du coeur ? La tolérance, l’amour, la religion, la vie, la mort, la sexualité, l’Humanité toute entière dans la lorgnette de James Frey n’était sans doute pas le meilleur angle de vue. Au Théâtre, la simplicité n’est pas quelque chose que l’on montre. Les beaux sentiments de Mélanie Laurent se sont encombrés, à vouloir bien faire souvent on en fait trop, la jeune star devrait plus avoir confiance en son instinct, comme elle le montre déjà dans son jeu d’actrice. Le Dernier Testament est un beau message d'amour et un Théâtre qui laisse entrevoir des instants encore bien plus forts pour l'avenir. Vivement la prochaine étape !

    Laurence Caron

    *citation Jean-Loup Sieff

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  • « Ce que le djazz fait à ma djambe » au Théâtre de l'Atelier jusqu'au 4 février

    v_14787772423946.jpgLes artistes ont toujours un problème : quand ils chantent ils voudraient danser, et quand ils jouent la comédie ils voudraient être musiciens, et lycée de Versailles... Jacques Gamblin lui aurait aimé être un musicien, c’est au Théâtre de l’Atelier qu’il a choisi de nous raconter son rêve dans «Ce que le djazz fait à ma djambe» (créé en 2011 lors du Festival de Jazz Sous les pommiers).  

     

    Les planches du Théâtre de l’Atelier se changent en salle de concert, entre un Olympia et une cave de jazz à Montparnasse, le brillant sextet de Laurent de Wilde occupe les lieux : Alex Tassel (trompette), Guillaume Naturel (saxe), DJ Alea (platines), Jérôme Regard (contrebasse) et Donald Kontomanou (batterie). La stature d’adolescent dégingandé de Jacques Gamblin a l’élégance d’un Montand et la tendresse d’un Gainsbourg. Avec la mine désenchantée d’un Pierrot lunaire qui cherche à séduire sa Colombine, l’Artiste crée son propre langage : des mots qu’il invente ou qu’il picore auprès de Sartre, Mezz Mezzrow, Langston Hughes ou Herbie Hancock, entre autres camarades, puis il improvise des mouvements du corps que l’on croirait issus d’une chorégraphie contemporaine sophistiquée brodée d’accents hip-hop. Une conversation faite de pudeur et de charme, entre les très talentueux musiciens de Laurent de Wilde et Jacques Gamblin, s’échange sur la scène de l’Atelier, les frontières s’écroulent, la musique et les hommes racontent une même histoire. 

    Rattrapé par une créativité extrêmement poétique et par un don particulier pour l’interprétation - rythmes, syncopes, contretemps, jeux d’octaves, pizicattos, accords et arpèges – Jacques Gamblin établit des liens intimes avec le son, le tempo et l’harmonie.  Groove, swing, soul, funk, blues… difficile de ne pas céder à l’envie de danser, les caresses des balais de Charleston font fourmiller les (d)jambes, il y a des choses qui émeuvent, d’autres qui font rire. Le comédien sait tout faire, il s’est métamorphosé en un instrument fantastique. Ses mains sont des cordes, ses jambes des pistons, sa tête une caisse claire, ses bras autant d’archets, Jacques Gamblin puise dans toutes les ressources de son corps, de sa voix et au delà... C’est une performance, un spectacle en constante évolution, un univers tout entier, un art instinctif truffé de multiples curiosités, irrésistible. Que Jacques Gamblin se rassure, il est un musicien accompli et un des meilleurs ! 

    Laurence Caron

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  • ”Eloquence à L'Assemblée” au Théâtre de l'Atelier, puis en tournée

    Robespierre,Simone Veil,Jules Ferry,Christiane Taubira,Aimé Césaire,André Malraux,l’abbé Grégoire,Victor Hugo,Jérémie Lippmann,pierre grillet,theatre,eloquence à l'assemblee,theatre de l'atelier,joeystarrAu cinéma dans Polisse, Max, Le Bal des actrices, Les Seigneurs ou bien L’amour dure trois ans, entre autres, Joeystarr a convaincu en jouant sur toutes les octaves qu’un large public ne soupçonnait peut-être pas au départ. Appât savoureux des médias people dès qu’il est question de ses frasques et débordements en tout genre, Joeystarr est aussi un homme concerné et engagé, militant LCR parfois et fervent antiraciste toujours : l’artiste est un lutteur insatiable.

    Entrer en scène au Théâtre de l’Atelier est pourtant un des plus grands défis que s’est lancé Joeystarr. A entendre l’enfant terrible du rap lorsqu’il interpelle un spectateur indiscipliné : « hé ? gars ! Pourquoi tu parles ?  Au cinéma tu parles à l’écran ? Bah non ! Alors ? Là c’est pareil :  tu parles pas », le respect pour ces planches et l’humilité du comédien sont bien perceptibles : le Théâtre ce n’est pas du cinéma…

     

    Dans cet entre-deux tours électoral qui sinistre la plupart des salles parisiennes et précipite les services de billetterie dans des tarifications aux réductions outrancières, le Théâtre de l’Atelier ouvre ses portes avec un programme empreint de citoyenneté. Pendant, que les pouvoirs politiques se battent pour remporter le Graal, pendant que les idéaux s’évaporent en fumées brunes, et que les propos s’enflamment et versent dans des noms d’oiseaux bien esquintés par des marées malodorantes, la culture souffre sans que cela ne semble gêner personne. Néanmoins, ici bas, au Théâtre de l’Atelier, la résistance s’est organisée, la manifestation silencieuse se presse, sous les arbres de la poétique et si jolie place Charles Dullin du 18ème arrondissement de Paris, pour rejoindre les rangs de spectateurs déterminés à préserver et à enrichir la mémoire collective et aussi à contrer toutes formes de médiocrité. 
    Didier Long, directeur de l’Atelier depuis 2015, est en mission, dans ses murs la parole est libre (« A Hautes Voix », cycle de lectures et de prises de paroles autour du pouvoir et de la citoyenneté, du 9 au 31 mai) et les débats sont mythiques (« 1988, Le débat Mitterrand-Chirac » Jacques Weber et François Morel, du 2 au 7 mai).
    Ce soir là, pour « Eloquence à l’Assemblée » l’auteur et dramaturge, Pierre Grillet, précipite les déclarations emportées de Robespierre, Simone Veil, Jules Ferry, Christiane Taubira, Aimé Césaire, André Malraux, l’abbé Grégoire, puis Victor Hugo dans la bouche de Joeystarr. C’est beaucoup pour un seul homme, d’ailleurs le phrasé trébuche et la diction est parfois confuse mais la scène de l’Atelier ne bronche pas, au contraire elle vibre, elle gronde presque. Seul en scène, le comédien, avec l’air excusé d’un enfant qui s’est trompé dans la récitation de sa poésie, se corrige, il reprend et enchaîne, imperturbable militant. Le choix judicieux des textes, et, la fougue avec laquelle Joeystarr les incarne offrent l’espace d’une heure l’essentiel de ce qui est à retenir de notre Humanité. Tous devraient pouvoir le voir et l’écouter, par ces temps obscurs autant de force et de vaillance rassurent, les révolutionnaires, chefs de guerre, portes-paroles contestataires ont trouvé leur voix.
    Jérémie Lippmann met en scène l’interprète, s’il est possible de le faire tant Joeystarr sait déjà si bien bouffer l’espace et en rafler l’oxygène. Joeystarr est un monstre, qui n’a pas toujours été sacré, mais qui demeure éperdument sincère. En adroit virtuose des mots, il a un sens inné du rythme à envier par les plus grands orateurs. Et, ce talent pour tenir son auditoire en alerte, il s’en inquiète et n’hésite pas à interroger plusieurs fois le gouffre plein de la salle: « Alors ? vous êtes toujours là ? ». Gouroutisé, le public est bien là, absorbé tout entier. Pour la plupart ils sont venus sans savoir, ils ont suivi le troupeau, ce détour par le théâtre de l'Atelier s’est opéré sûrement pour la première fois. Et les fans boivent les paroles du maître à penser, s’esclaffent au moindre bon mot, s’extasient de tout et de petits riens, même quand l’imprévisible idole reste prêt à en découdre : « Et toi ? qu’est- ce que t’as pas compris dans la phrase ‘éteignez vos téléphones’ !? ». 
    L’infatigable guerrier, sombre poète et incorrigible voyou se révèle à nouveau un grand Artiste, tout ce qu’il touche il le transforme. Joeystarr est fait de contrastes, fanfaron provocateur aux milles pudeurs, il serait d’ailleurs un formidable Cyrano ! Et si ce n’est pas Edmond Rostand pour cette fois (peut-être pour la prochaine fois ?), JoeyStarr a l’allure d’un héros romantique tel que Victor Hugo le décrit dans La Préface de Cromwell. A son propos, le comédien avoue avoir découvert les textes d'Hugo il y a seulement quelques mois, la confession s’échappe après que ce dernier ait fait revivre le grand auteur de tout son être et de toute sa chair avec une authenticité désarmante. Cette magie, seul le théâtre en est capable, en cet instant rien ne sépare Joeystarr de Victor Hugo, définitivement la culture peut abattre toutes les cloisons et gommer toutes les frontières, si seulement ceux de là-haut pouvaient en prendre note…

    « Eloquence à l’Assemblée » va partir en tournée, et dans moins d’un an Joeystarr et Kool Shen seront sous la bannière retrouvée de NTM : on ne lâche rien !

    Laurence Caron

    Nb : Il faut espérer vivement une prochaine édition des textes de «Eloquence à l’Assemblée» mais aussi une captation du spectacle afin de toucher le plus grand nombre !

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  • Dimanche 7 mai 2017, avant ou après être allé voter, le public est invité à visiter gratuitement le Musée national de l’

    Affiche Ciao Italia.jpgCiao Italia !

    Le Musée national de l’histoire de l’immigration ouvre gratuitement ses portes et permet à tous les visiteurs de découvrir gratuitement son exposition temporaire CIAO ITALIA !, ainsi que les nombreuses contributions des immigrés à la société française, à travers ses espaces permanents Repères et la Galerie des dons.

    Avec l’exposition CIAO ITALIA !, le Musée national de l’histoire de l’immigration rend compte pour la première fois à l’échelle nationale, de l’histoire de l’immigration italienne en France, qui reste à ce jour la plus importante. Dès la seconde moitié du 19e siècle et jusque dans les années 1960, les Italiens furent les étrangers les plus nombreux dans l’Hexagone à venir occuper les emplois créés par la croissance économique. Aujourd’hui célébrée, leur intégration ne se fit pourtant pas sans heurts. Entre méfiance et désir, violences et passions, rejets et intégration, l’exposition traduit les contradictions spécifiques de l’histoire de cette immigration tout en mettant en lumière l’apport des italiens à la société et à la culture française. 

    Le Musée national de l’histoire de l’immigration

    Le musée a pour mission de rassembler, sauvegarder, mettre en valeur et rendre accessible au plus grand nombre l’histoire de l’immigration en France pour faire connaître et reconnaître le rôle positif de l’immigration dans la construction de la France, en montrant l’apport des immigrés au développement économique, aux évolutions sociales et à la vie culturelle du pays.

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  • ”J'avais un beau ballon rouge ” au Théâtre de l'Atelier

    angela demattè,michel didym,richard bohringer,romane bohringer,théâtre de l'atelierJ’aurai bien aimé que Romane Bohringer soit mon amie. D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours eu cette drôle d’impression. Cela doit être un truc de fan, une sensation familière et un peu irrationnelle. 
    Ce soir-là, chacune à notre place, elle, sur scène, et moi, dans les rangs des spectateurs, nous avons rendez-vous au cœur de Montmartre, là où le fantôme de Charles Dullin hante encore les cintres, dans le très précieux Théâtre de l’Atelier.

    Pour la pièce « J’avais un beau ballon rouge », Romane Bohringer est aux côtés de son père Richard Bohringer, c’est une première fois. Troublant. 

    Quelle chance inouïe pour une fille et pour un père, pour deux acteurs, de partager la même scène, de s’engager dans l’imaginaire d’un même auteur, et, par-delà même les techniques de jeu et l’expérience de l’art dramatique, d’aller puiser dans d’intimes ressources pour donner vie à un tout autre père et à une toute autre fille.

    Comme pour un voyage dans une dimension parallèle, le père et la fille sont projetés en Italie pendant les années de plomb, entre 1965 et 1975. Le texte d’Angela Demattè invente une étudiante idéaliste qui devient une jeune femme sublimée par la révolution et trop tôt emportée par son époque. Face à elle, ou plutôt tout contre elle, se tient un père aimant, il cherche à comprendre sa fille, il cherche à protéger son enfant. Comment retenir un enfant qui s’échappe vers un ailleurs dangereux ? Comment nuancer le discours de son enfant lorsqu’on est témoin de son endoctrinement ? Les questions que pose l’auteur sans jamais porter de jugement, ni sur le père, ni sur la fille, se révèlent être d’une actualité effroyable. Sans tomber dans le mélodrame, le duo Bohringer est d’une grande justesse, aériens et profonds, les artistes se fondent dans leurs personnages et laissent transparaître avec une élégante pudeur un lien d’une force infinie. Plus qu’une histoire terrible aux rebondissements douloureux, il est question d’amour, le meilleur, le désintéressé, l’absolu. La tendresse et le respect, que le père et la fille entrelacent au questionnement social et politique, s’inscrivent dans une problématique humaine et inévitablement contemporaine.

    Richard Bohringer excelle, il est d’une sincérité désarmante, il a cette simplicité de jeu façon Brando, sorte de décontraction apparente dont de très rares acteurs ont le secret. Romane Bohringer, quant à elle, ne prend aucune distance avec les éléments, elle vole très haut où s’ancre dans la terre, intense, elle se jette, elle est le personnage. Ils sont magnifiques.
    La mise en scène de Michel Didym se lit sans aucune hésitation, dix années s’égrènent comme à la lecture d’un bon roman, la douceur des teintes des décors et leurs glissements permettent aux interprètes d’exprimer leurs sentiments sans heurts, l’atmosphère dessinée est une évidence.

    Bouleversée, presque aux larmes, et le cœur bourré de reconnaissance pour « mes amis » de la scène, je quitte la chaleur du Théâtre de l’Atelier. Je traverse mon vieux quartier des Abbesses, celui de mes vingt ans, j’emporte avec moi une histoire violente, comme celle qui nous poursuivent parfois jusque dans nos vies, et puis ce parfum d’innocence celui de l’amour d’un père pour sa fille - et l’inverse aussi.

    Merci. Cette pièce est un cadeau.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • La Damnation de Faust d'Hector Berlioz à L'Opéra Bastille

    Déjà, la soirée a mal commencé. Après l’avoir écouté plus que de raison, je pensais voir enfin Jonas Kaufmann lors de cette répétition générale de La Damnation de Faust à l’Opéra Bastille, or c’est le ténor Bryan Hymel qui est distribué ce soir-là. Tant pis pour mes amours déçus, l’opéra commence et s’empare de son public pour le projeter la veille d’un ultime voyage sur mars pendant que, le cosmologiste et physicien, Stephen Hawking promulgue ses recommandations philosophiques… Jusque-là tout va bien, la juxtaposition des univers est séduisante, la musique d’Hector Berlioz mérite grandement un ailleurs aussi lointain.

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    Pourtant, il semble que la destination rêvée va être très difficile à atteindre. Le propos tenu par le metteur en scène Alvis Hermanis a beaucoup de mal à transporter le public, même les interprètes ne semblent pas bien comprendre dans quelle galère ils se sont embarqués ! Un mur d’images vidéos dont le choix hasardeux écrase des décors, qui parfois tournent sur eux-mêmes (effet gravitationnel ?), et des machines, ersatz de maquettes martiennes échappées de la cité des sciences de la Villette, traversent l’espace scénique…

    Mon intérêt esthétique, ma soif du genre et mon grand intérêt pour toutes formes de mises en scènes sont épuisés ! J’abandonne la raison du pourquoi du comment, pour chercher coûte que coûte à me nourrir de cet opéra, à m’enivrer des mouvements scéniques et musicaux. Là, la déception est aussi grande que les 250 millions de kilomètres qui me séparent de la planète Mars. Il y a tant de monde sur scène : de jeunes danseurs s’escriment très maladroitement dans une chorégraphie inaboutie signée Alla Sigalova, pour venir se cogner au remarquable Chœur de l’Opéra de Paris rejoint par l'intrépide Maîtrise des Hauts de Seine. L’Orchestre de l’Opéra de Paris se concentre sur sa partition flamboyante et ignore le mépris dont il est victime, Philippe Jordan est dans un autre système solaire bien décidé à ne pas rejoindre Mars, en tout cas pas de cette façon, on ne saurait lui reprocher.

    Quant à l’essence même de ce qu’est un Opéra, c’est-à-dire les voix : Bryan Hymel est un Faust bien effacé, Bryn Terfel est un Méphistophélès qui ferait mieux de raccrocher ses vieilles cornes de démon, Edwin Crossley-Mercer est un Brander dont la fameuse 'chanson du rat' est bien hachée et bien essoufflée, quant à Sophie Koch, elle est une Marguerite incompréhensible : le phrasé est trop appuyé, jamais articulé, enfin les sur-titrages se dévorent des yeux pour comprendre un texte pourtant interprété en français… Rescapé  enfin : un instant profond et d'une grâce infinie proposé par Dominique Mercy, le danseur et digne successeur de Pina Bausch, arrive comme une récompense à ma patience, ces minutes sont bouleversantes et trop vites passées.

    Les mille inventions et intentions artistiques d’un metteur en scène attendu par le public parisien, la distribution prestigieuse et la débauche de moyens dont se pare ce Faust laissent une impression brouillonne, un brouillon bien raturé. C’est dommage et tout à fait déraisonnable, pour ne pas dire impardonnable, pour une telle institution !

    Laurence Caron-Spokojny                                                                             

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  • Pégase et Icare, le Cirque Alexis Gruss jusqu'au 6 mars 2016, Porte de Passy Paris 16.

    cirque alexis gruss,Au bord d’un des lacs du Bois de Boulogne, le plus pur des arts du spectacle s’exerce sur la scène circulaire d’Alexis Gruss.

    Nous sommes accueillis avec attention et gentillesse, les sourires clignotent, nous nous engouffrons dans la tiédeur du chapiteau comme dans un passage vers un ailleurs réconfortant. Les démonstrations équestres du spectacle précédent ont laissé un parfum d’écurie qui se mêle aux effluves des barbes à papas, pop-corn et autres plaisirs sucrés échappés des guinguettes colorées qui cernent l’entrée du public...

    Le ciel de toile est orné d’armatures brillantes aux entrelacements savants, le ton est à la mythologie, Pégase et Icare promettent de se partager la vedette. 

    Alexis Gruss est un faiseur d’étoiles mais il est aussi un grand pédagogue et il ne déroge jamais à son rôle de transmetteur. Il y a près de 40 ans, aux côtés de Sylvia Montfort, Alexis Gruss a créé  la première École Professionnelle de cirque, cette impulsion géniale et maîtrisée permet aux arts de cirque de se renouveler constamment et de s’ouvrir à l’ensemble des arts.

    Les Gruss, ce sont six générations d’écuyers, fils, petit-fils, nièces et autres cousins et cousines s’étendent aux Florees et Fratellini ; ces enfants de la balle sont beaux, terriblement talentueux et infiniment heureux d’être là ! Ils multiplient leurs talents par la musique, jongleries, acrobaties et autres technicités artistiques. Pour ce spectacle, ces artisans du rêve équestre ont invité la compagnie d’acrobates les Farfadais. Comme leur nom ne l’indique pas, les Farfadais sont de majestueux voyageurs du ciel, ils déploient leurs ailes pour couvrir les spectateurs de milles bruissements savants, d’envols puissants et de courbes sensuelles. La force tellurique du sable foulé par la soixantaine de chevaux ne résiste pas et s’envole aussi vers une destination stellaire. Ces chevaux sont d’une insolence rare, fiers, altiers, sages et fougueux, les fouets et cravaches des Gruss s’effacent toujours sous les caresses et œillades bienveillantes de leurs maîtres.
    Les artistes et les chevaux s’unissent dans un rapport de confiance bouleversant, cette émotion est transportée par le brillant orchestre de Sylvain Rolland, les aériens costumes baroques de Bruno Fatalot et les êtres chimériques de Florent Boyer. C’est un enchaînement de tableaux grandioses dont les salles de spectacle de Las Vegas pâliraient d’envie. La performance se fond à la poésie, les applaudissements enthousiastes se rythment à de silencieux et délicieux frissons…

    L’expression consacrée « avoir des étoiles plein les yeux » prend tout son sens, mais nos yeux ne sont pas assez grands pour tout recueillir, alors le cœur prend vite le relais. Il reste alors cette impression particulière, celle d’avoir touché l’essentiel… en plein cœur !

    Laurence Caron-Spokojny

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  • Contact, compagnie DCA, Philippe Decouflé au Théâtre National de Chaillot jusqu'au 6 février

    contact6.jpgLa grande maison de la danse contemporaine, le Théâtre National de Chaillot, invite à prendre «CONTACT» avec la compagnie DCA de Philippe Decouflé.

    Il a été dit qu’il s’agissait d’une comédie musicale, d’un genre un peu hybride... pas tout à fait ; voici plutôt un "spectacle dans le spectacle", un show dingue, un cabaret sauvage, drôle, étonnant, touchant : le contact est établi.

    De la très belle danse mais aussi du théâtre, du cirque, de la musique, des costumes...
    Sur un fond de décor années 20, Broadway ouvre ses portes par une pantomime de claquettes, puis Faust soigne une entrée magistrale, sur ses talons Marguerite soupire. Aussitôt, ils sont rejoints par un danseur, ou plutôt une chanteuse, peu importe, un artiste donc, qui entame un numéro bientôt interrompu par un élan dramaturgique venu d’ailleurs, peut-être

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  • L'oeuvre immense de Katsushika Hokusaï est présentée au Grand Palais, jusqu'au 18 janvier 2015.

    katsushika hokusaï,laurence caron-spokojny,grand palais,rmn,japonIl y a de grands artistes, ceux qui révolutionnent le monde, modifient le cours des choses, dévient les esprits et rendent la vie plus intense. Et puis, il y a les génies, ceux qui inventent autre chose, Katsushika Hokusaï (1760-1849) est un génie.

    « Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner les formes des objets. Vers l’âge de cinquante, j’ai publié une infinité de dessins ; mais je suis mécontent de tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans… »

    katsushika hokusaï,laurence caron-spokojny,grand palais,rmn,japon
    Le choc de la rencontre, à la fin des années 1850, des Occidentaux avec l’art japonais est une introducti

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  • « Under the Wave » - Exposition dans le Bassin d’Hiver de Molitor jusqu'au 30 novembre 2014

    laurence caron-spokojny,piscine molitor,balder,artiste ouvrier,fred calmets,cadija costa,le consortium,damien paul gal,diadji diop,fbz,indie 184,jbc,kan,kashink,kouka,william laboury,mademoiselle maurice,carmen mariscal,thomas mainardi,one teas,shuck one,sly 2,antoine stevens,thom thom,remy uno,wen-jié yangDepuis mai 2014, la piscine Molitor, celle dans laquelle certains d’entre nous ont appris à nager, a réouvert ses portes pour un public extrêmement ciblé. En effet, le coût stratosphérique des prestations proposées par Molitor est si élevé qu’il exclut d’office la plupart d'entre nous à envisager des plongeons dans le sillage de notre enfance ou de nos parents. Dont acte.
    A la fois hôtel de luxe, spa, club privé, et, restaurant, à la décoration raffinée, la piscine Molitor s’est donnée pour mission de faire entrer les artistes entre ses murs et sur ses murs, une sorte de démocratisation artistique urbaine du site. Classée au patrimoine par Jack Lang, lorsqu’il était Ministre de la Culture, il était impossible que la piscine Molitor ne réponde pas à quelques obligations artistiques...

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  • The Bar at Buena Vista Social Club, The legends of Cuba au Palais des Congrés de Paris, jusqu'au 6 décembre.

    siomara avilla valdes,eliades ochoan,ibrahim ferrer,omara portuondo,compay segundo,ruben gonzales,descarga,julio alberto fernandez,toby gough,reynaldo creagh,the bar at buena vista,guillermo rubalcaba gonzales,elpidio chappottin delgado,luis mariano valiente,palais des congrés,eric turro martinezPendant les années 30, 40 ou 50, ils étaient des enfants, de grands enfants, flirtant et dansant dans les bars, et surtout célébrant la musique à chaque coin de La Havane. Au Buena Vista Social Club, ils se réunissaient tous, c’était « the place to be ». Ils étaient danseurs, musiciens  et chanteurs, et les riches américains se pressaient aux portes de la boîte de nuit pour les écouter, les admirer, et, tenter de les copier. En 1959, la révolution cubaine mit un terme à la fiesta latina, le Buena Vista Social Club ferma ses portes.

    Quarante ans plus tard, un enregistrement réunissant The legends of Cuba de ces années là fût produit puis il s'enchaîna une suite de concert au Carnegie Hall de New-York : un triomphe ! Désigné par le magazine Rolling Stone comme l’un des 500 plus grands albums de tous les temps, cet enregistrement mythique laissa ensuite s’échapper Eliades Ochoan, Ibrahim Ferrer, Omara Portuondo, Compay Segundo et Ruben Gonzales afin qu’ils enregistrent en solo leurs propres albums.

    siomara avilla valdes,eliades ochoan,ibrahim ferrer,omara portuondo,compay segundo,ruben gonzales,descarga,julio alberto fernandez,toby gough,reynaldo creagh,the bar at buena vista,guillermo rubalcaba gonzales,elpidio chappottin delgado,luis mariano valiente,palais des congrés,eric turro martinezL'histoire ne s'arrête pas là. Toby Gough, producteur de spectacle, un amoureux de Cuba, rencontre, le barman du Social Club, Artura Lucas : "Arturo Lucas a servi des Mojitos à Marylin Monroe, des Cuba Libre à Marlon Brando et aidé Ernest Hemingway a retrouver le chemin de sa maison après une soirée trop arrosée. " Au début des années 2000, l’idée de THE BAR AT BUENA VISTA est née. Il s’agit de redonner vie au bar le plus culte de la Havane, sur scène, entouré de témoins et artistes de cette époque et aussi par de plus jeunes fortement inspirés par leurs aînés.

    La « descarga », genre de bœuf musical à la cubaine, bat son plein sur la scène du Palais des Congrès. Purement vintage, des artistes étonnants se succèdent, des musiciens au rythme endiablé, et des danseurs aux reins cambrés, les accompagnent. Siomara Avilla Valdes, Julio Alberto Fernandez, Reynaldo Creagh, Guillermo Rubalcaba Gonzales, Elpidio Chappottin Delgado, Luis Mariano Valiente, Eric Turro Martinez,… le nombre des années n’abîme pas le talent, ces artistes nous le prouvent. L’aspect patiné, un rien «figé dans le temps», a son charme, cette production crée de l'émotion, et les quelques hésitations palpables de la part des artistes raisonnent comme d'authentiques refrains.

    « Ambiance boisée et cuivrée. Vous entrez dans un bar de La Havane, l’un de ces endroits légendaires des Social clubs qui ont vu passer les Compay Segundo ou autre Ibrahim Ferrer.
    Dehors, des enfants jouent au baseball dans la poussière, entre deux vieilles voitures américaines rose et bleu. Accoudé au comptoir, on croirait apercevoir le fantôme d’Hemingway se servant un autre daiquiri.
    Le mythe redevient réalité : devant vous, le bassin d’une danseuse chaloupe sur «Chan Chan». La musique et la danse prennent corps avec les dix-sept artistes au sommet de leur histoire pour revisiter les grandes heures du Buena Vista en direct. Dans l’odeur du vieux bois patiné et d’un rhum hors d’âge, une figure fend les volutes d’un cigare. »

    Les spectateurs tentent de faire chalouper leurs fauteuils sur le rythme des congas, certains se lèvent incapables de résister, d’autres interpellent les chanteurs pendant que de plus téméraires sont invités à entamer quelques pas sur la scène du Palais des Congrés. Il semble que les fans du genre atteignent des sommets de plénitude, la joie de vivre est communicative. Pourtant la nostalgie qui enveloppe la scène, comme les volutes de fumée des cigares, ne suffit pas à convaincre, il manque quelque chose... Par exemple, le public pourrait lui aussi partager avec ces artistes un de ces rhums ambrés ou Mojitos parfumés dont Cuba a le secret ! 

    Laurence Caron-Spokojny

     

    7 décembre à l’Amphi 3000 de Lyon ; 9 décembre au Silo de Marseille  ; 10 décembre au Zénith de Montpellier 

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  • «Dancing with Bergman » de Johan Inger, Alexander Ekman, Mats Ek et Ana Laguna

    danse,bengt wanselius,dancing with bergman,theatre des champs elyséees,johan inger,alexander ekman,mats ek,ana lagunaAu Théâtre des Champs-Elysées, trois chorégraphes suédois célèbrent les cent ans de la naissance de leur compatriote, Ingmar Bergman, un des cinéastes les plus éminents du XXème, sous la forme d’un triptyque chorégraphique très émouvant.
    Tandis que la danse tisse des liens serrés avec la création du cinéaste, le photographe Bengt Wanselius veille à retranscrire le regard de Bergman par des extraits de son œuvre cinématographique. Séquence émotion.

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    De la psychologie familiale. S’inspirant d’un court-métrage réalisé en 1976 par Ingmar Bergman pour la télévision, le chorégraphe Johan Inger enferme quatre danseuses entre des murs symbolisés par des structures grises aux reliefs abimés. Les « 4 Karin », Anna Herrmann, Nina Botkay, Olivia Ancona et Alva Inger Armenta sont d’une beauté saisissante. Sur Il Ballo delle Ingrate de Monteverdi, la danse de Johan Inger est majestueuse, elle se déploie dans une très grande précision, parfois le geste s’allonge en des détails infinis pour explorer la complexité des sentiments. Il y a une filiation évidente entre le chorégraphe et le réalisateur, un sens de l'esthétisme pur, un regard brut, sans concession. Johan Inger est directeur artistique du Ballet Cullberg, il est peu connu dans les programmations des salles parisiennes, c’est un tort, il faut vite rattraper ce temps perdu. 

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    A la question de la création. C’est Alexander Ekman qui s’y colle. Lui-même, seul en scène dans Thoughtson Bergman. Le jeune chorégraphe suédois, définitivement «branché» depuis qu’il a inondé les scènes avec son Swan Lake ou plus récemment avec Play à l’Opéra de Paris, interprète un solo élégant. La recherche créative passe par des interrogations qui n’ont de cesse de se faire et de se défaire. Alexander Ekman semble dessiner ou dénouer de ses bras les nœuds du fil (d’Ariane) qui relie l’esprit au cœur, ce parcours mystérieux de la création artistique. Sur une Nocturne de Chopin, l’atmosphère créée est belle, légère, toujours teintée d’humour. Une sorte de quête de sens tarabuste le chorégraphe dont il se sort, encore une fois, avec une spontanéité affichée, totalement décomplexée.

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    En passant par la vie de couple. Mats Ek fait son entrée. Plus un souffle dans la salle, sauf peut-être celui de la (salvatrice) climatisation de la salle. Tous attendent LE chorégraphe. Le maître de la danse nordique est là. Celui là-même qui a remplacé, et presque fait oublier, le chef d’œuvre du ballet classique, Gisèle (Jules Perrot et de Jean Coralli -1841), par son Gisèle à lui. C’était en 1982, pour sa muse, Ana Laguna. 

    Très naturellement, elle le rejoint ce soir là sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées pour un duo intitulé Memory sur une musique de Niko Rölcke. 

    Mats Ek ne se préoccupe pas de la difficulté d’aimer à voir la façon dont il enlace Ana Laguna, il est ici plutôt question de la difficulté de vivre. La vie ordinaire, le quotidien, la routine, ces petites choses qui usent et qu’il faut renouveler, rafraîchir, jusqu’au bout. Ana Laguna et Mats Ek nous dévoilent leur secret de réussite. Comme à son habitude les intentions chorégraphiques de Mats Ek sont d’une sincérité folle. Le sentiment d’assister à la vraie vie d’un couple est étourdissant, totalement bouleversant. La vie que l’on aperçoit dans cet appartement éclairé dont les rideaux n’ont pas été tirés. Les amoureux s’étreignent, se fuit, se désaccordent, s’idéalisent, s'adorent, se cherchent et jamais ne se quittent. D’une authenticité profonde, terrienne, comme un portrait en gros plan d’un film de Bergman… 

    C'est au théâtre que les deux artistes se sont connus, Mats Ek fut assistant-metteur en scène de Bergman. La filiation va de soi. Au delà du territoire, au delà de la nationalité, ces grands artistes ont en commun cet intuitif sens de l’observation pour les sentiments humains. Une sorte de puissance sobre, terriblement juste.

    « Dancing with Bergman » est un moment fort dont on regrette seulement la trop courte durée, à peine 1h20. 

    Laurence Caron.

    9, 10 et 11 juin Théâtre des Champs Elysées

    Bengt Wanselius / Les archives d’Ingmar Bergman - Taschen – 650 pages. 

    Photos Erik Berg.

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  • « La liberté n’est pas la récompense de la révolte. La liberté c’est la révolte. »

    Immigrés aux Etats-Unis, Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti sont deux anarchistes italiens. Ils seront exécutés en 1927 sur la chaise électrique pour des crimes qu'ils n'ont pas commis. L'absurdité de cet épisode judiciaire, et le scandale qu'il suscite, inspirera le réalisateur italien Giuliano Montaldo pour le film "Sacco & Vanzetti". Puis, ce sera au tour d'Alain Guyard. Remarquablement interprétée par Jacques Dau et Jean-Marc Catella, la pièce d'Alain Guyard «Sacco & Vanzetti», se résume à un sacré exercice de style qui se révéle passionnant. Depuis 2009, "Sacco & Vanzetti" enchaîne les dates dans toute la France, la pièce devrait se produire à Paris, l'impatience est grande... 

    Laurence Caron-Spokojny

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  • La prochaine étape du week-end : les ”Alchimies” de Sarah Moon s'exposent au Jardin des Plantes

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    « Taxidermisés, empaillés, embaumés, quoi qu’il en soit, vrais ou faux, morts ou vifs, clairs ou obscurs, d’hier ou d’aujourd’hui, en noirs ou en couleurs, impressionnés sur un cliché, j’expose au muséum national d’histoire naturelle mes récits pas très naturels du minéral, du végétal et de l’animal. »

    Sarah Moon

    renseignements ici 

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  • ”Mon beau-père est une princesse” : ça c'est un bon titre de pièce !

    laurence caron-spokojny,didier bénureau,michel aumont,claire nadeau,théâtre du palais royalLe sujet de la pièce choisit par Didier Bénureau traite (en partie) de l’homosexualité, la tâche pourrait s’avérer scabreuse, ce n’est pas le cas.

    Il y a dans cette écriture une attention délicate pour le genre humain, une empathie spontanée, et aussi une forme de sagesse qui révèle un auteur toujours aussi sensible. En fait, il ne s’agit pas d’homosexualité mais plutôt d’amour, et cet amour là n’a pas de sexe, ni de forme bien précise, il est universel. Petite leçon d'humanité légère et divertissante...

    Sur un rythme endiablé à la façon d’une pièce de boulevard, l’inattendu Michel Aumont campe le beau-père ou plutôt la princesse, enfin c’est à vous de voir, avec une adresse toujours aussi époustouflante. Il y a quelques mois dans le rôle de Richard Strauss à la Madeleine, voici Michel Aumont en retraité, bougon, au comportement bientôt totalement corrompu par l’extravagant Didier Bénureau. Claire Nadeau, compagne de Michel Aumont dans la pièce, nous reçoit chez elle, définitivement cette femme glisse sur les planches avec une connaissance irréprochable du territoire. Quant à Gaëlle Lebert, le rôle est ingrat, imprécis, peut-être bâclé, la comédienne passe les plats…

    Le propos, sous une allure comique, est profond, perspicace et souvent poétique lorsque les deux acteurs, Michel Aumont et Didier Bénureau, se confrontent, leurs échanges construits sont admirablement bien envoyés vers un public conquis. Le couple est fantastique, avec élégance Didier Bénureau laisse tout l’espace nécessaire afin que son prestigieux partenaire s’exprime, il lui offre des répliques efficaces, le dia(b)logue est remarquable, on souhaiterait qu’il se poursuive encore, drôle et raffiné. Pourtant, il n’en est pas de même pour l’ensemble où le parti pris scénique laisse  une impression de flottement : le propos s’épuise et puis la fin se disperse, c’est si dommage…  

    Le talent de Didier Bénureau, son style, son écriture, et son univers sarcastique s’expriment tout entier, son sens aigu de l’observation et sa tendresse particulière pour le genre humain touchent et remuent. L’ensemble n’est pas parfait mais finalement ce n’est pas très grave. « Mon beau père est une princesse » est une pièce qui rayonne de bonnes intentions et qui a le mérite d’aborder avec grâce un sujet qui a été si malmené ces derniers mois dans nos rues.
    Par les temps qui courent "Mon beau-père est une princesse" fait énormément de bien : réservez vos places au Théâtre du Palais Royal et amusez-vous ! 

    Laurence Caron-Spokojny

    Pour gagner des places pour assister à "Mon beau-père est une princesse", c'est par ICI.

    Pour "aimer" la page facebook de "Ce qui est remarquable", c'est par ici

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  • L'Art Déco séduit le monde à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine

    laurence caron-spokojny,l'art déco,cité de l'architecture et du patrimoine,diaghilev,nijinskiLa création chorégraphique et musicale la plus remarquable, et la plus scandaleuse, fut Le Sacre du Printemps en 1913 au Théâtre des Champs Elysées par les Ballets Russes de Diaghilev. La musique à jamais moderne de Stravinski, et, l’inventivité chorégraphique si contemporaine de Nijinski sont à l’origine d’une véritable révolution artistique et culturelle. La place est prête, les écrivains, grands couturiers, industriels, designers et artistes de toutes sortes vont modifier l’histoire et les codes de l’esthétisme.

    La revue nègre menée par Joséphine Baker fait battre le cœur de Paris sur un rythme endiablé, l’Afrique et son art, de la ligne et de la courbe, résolument moderne s’impose. En peinture le Cubisme, en pleine explosion, offre ces lignes épurées et savantes aux architectes, décorateurs et designers de mobiliers ou de voitures…

    laurence caron-spokojny,l'art déco,cité de l'architecture et du patrimoine,diaghilev,nijinski1925, l'époque est à la reconstruction.
    L'exposition universelle projette l’Art Déco comme ambassadeur légitime du monde moderne. Intiment lié au développement automobile et aéronautique, l'Art Déco se transporte, hors frontières, et par delà les océans sur d’impérieux navires où le style et l’élégance célèbrent une nouvelle façon de vivre, d’envisager le quotidien. Aussi, le luxe descend dans la rue pour façonner les grands magasins, ambassades, habitations et hôtels. Une sorte d’affranchissement en somme, qu’il soit intellectuel, artistique ou humaniste ; les femmes se libèrent, fument, conduisent, volent dans les airs et abandonnent toutes formes d’entraves vestimentaires surannées… pour certaines. 

    Maquettes, affiches, objets, meubles, films, colloques... L'exposition se tient à la Cité de l'architecture jusqu'au 17 février 2014. Les ateliers et espaces réservés aux enfants sont particulièrement bien conçus, et, la proposition est si diversifiée, si riche, que l'intérêt reste en alerte, définitivement séduit !
    Risque notable de manifester l'envie de refaire la décoration de votre sweet-home, à vous de voir...

    Laurence Caron-Spokojny

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  • L'élégance d'Henrik Ibsen au Théâtre Montparnasse, La Dame de la mer

    Quel bonheur de retrouver Jacques Weber sur scène ! Monstre sacré, prodigieux, monumental,… une somme d’adjectifs à consommer sans modération. L’homme est fatigué mais le comédien est plus que jamais au sommet de son art. Très simplement donc, Jacques Weber incarne le rôle du Docteur Wangel, mari amoureux et torturé, auprès d’Anne Brochet qui se fond dans le rôle fantasque de La Dame de la mer, sur la scène du Théâtre Montparnasse.

    théâtre montparnasse,la dame de lamer,laurence caron-spokojnyCette tragédie idéaliste d’Henrik Ibsen date de 1888, à cette époque les femmes commencent sérieusement à ruer dans les brancards, il est question de droits et de responsabilités...
    Très préoccupé par cette injustice, l’auteur norvégien aborde ce sujet avec délicatesse tout en se frottant aux frontières de l’âme et de l’inconscient. Le dilemme amoureux noué et dénoué par le texte n’est finalement qu’un prétexte, il séduit le public et interpelle sur la condition féminine en cette fin du XIXème siècle.

    Ellida (La Dame de la mer) a épousé le Docteur Wangel, il est veuf avec deux filles ; malgré son amour pour son mari, Ellida remet en cause son couple, dangereusement, elle fait apparaître un amant qui appartient au passé, un démon tentateur, un marin sorti de l’ombre, presque un alibi à son questionnement. Ellida s’interroge aussi sur ses sentiments pour ces belles-filles, comment les aimer, comment codifier ce qui n'est pas établi ? Et puis cette mer qui l’attire sans cesse, l’enveloppe, cherche à la noyer, une déferlante angoissante.
    Anne Brochet glisse peu à peu vers l’inconnu, inquiétante, une folie. Jacques Weber, ou plutôt le docteur Wangel, est attentif, profond, plongé lui aussi en plein désarroi, il tente à grandes brassées d’amour de sauver sa femme, de la retenir. Il combat, franchit les obstacles ; l’amour est une bataille.
    Les témoins de cette scène de ménage dramatique ont des rôles très peu remarquables, sauf pour Antoine Quintard qui offre une interprétation funambulesque du jeune sculpteur Lyngstrand absolument exceptionnelle.

    théâtre montparnasse,jacques weber,anne brochetAujourd’hui, les « familles recomposées », les « couples qui durent » ou les « divorces » occupent notre actualité, le message d’Henrik Ibsen est plus que jamais intemporel et vaut pour exemple tous les conseillers conjugaux de la terre ! Il est à regretter la mise en scène bien trop classique, un rien consensuelle, pour un texte qui reflète autant d’élégance et de puissance ; une mise en scène inventive et peut être légèrement extravagante aurait ajouté quelques écailles à cette Dame de la mer.

    Laurence Caron-Spokojny

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  • L'exposition parisienne la plus remarquable est celle qui présente les oeuvres de Ron Mueck à la Fondation Cartier, jusq

    laurence caron-spokony,ron mueckLes parents de Ron Mueck étaient des fabricants de poupées de chiffon et de jouets en bois, alors tout naturellement le fils façonne des mannequins pour la mode, la télévision et le cinéma. Puis, quelque peu infidèle aux  marionnettes du Muppet show, l'Australien immigré à Londres produit ses premières œuvres artistiques à part entière dont une sculpture de Pinocchio immédiatement remarquée par Charles Saatchi. La réalité épouse le conte fantastique…

    L’artiste s’affirme, se libère et en Gepetto assumé il crée des êtres infiniment grands ou infiniment petits. Toujours dans la démesure, flirtant avec l’ultra-réalisme, les personnages de Ron Mueck se posent en témoins, leurs regards se plongent dans une intériorité que l’on n’ose définir, âme, conscience, peut importe ils sont là, archi-présents. L’intention fait frémir, arrache une émotion indescriptible, un sentiment familier, quelque chose d’instinctif, notre cerveau reconnaît un être humain, un semblable, un compagnon de race, et pourtant… comme un chat qui croit reconnaître un autre chat en passant devant un miroir, Ron Mueck oblige son public à faire le tour du miroir pour bien vérifier de quoi il s'agit ou bien de qui ? Le catalogue de l’expo sous le bras, l’absence de palpitations à la surface de la silicone, les curieux qui se pressent, les dimensions gargantuesques ou lilliputiennes des silhouettes nous rappellent à l’ordre, à la réalité. 

    L’Australien est un homme tranquille, de son élégante et haute stature il sait prendre son temps, un recul méditatif, et le film « Still life » de Gautier Deblonde, projeté lors de l'exposition, nous le fait découvrir. Chaque seconde du temps de travail de Ron Mueck est utilisée pour immortaliser un instant de vie humaine, une sorte de photographie étirée sur plusieurs dimensions afin de laisser entrevoir toute une vie dans les plis du creux d’un coude, l’affaissement d’un mollet sur le sol ou dans l’angle délicat d’une nuque inclinée, admirable.

    L’oeuvre de Ron Mueck est une déclaration d’amour à l’humanité toute entière, pleine de compassion et d’attirance, une certaine forme d’érotisme se fait sentir tant la peau de ces êtres semble proche et familière. Est-il raisonnable de désigner cette exposition comme étant la plus belle… une des plus belles choses qui m'a été donnée à voir ? A cet instant, fascinée, je l’affirme.

    Laurence Caron-Spokojny


    nb : exposition particulièrement recommandée aux enfants, gratuite jusqu'à 13 ans.

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  • L'exposition ”Titanic” est prolongée jusqu'au 29 septembre, Porte de Versailles

    Titanic,porte de VersaillesAvec votre carte d'embarquement et votre audio-guide (adapté pour petits et grands), je vous conseille vivement de vous lancer sur les flots à bord de l'élégant Titanic. 

    Le voyage débute à la construction de ce géant des mers, puis par son énigmatique naufrage et enfin aux différentes campagnes d'exploration de l'épave et de ses objets. Ce plongeon en 1912 est une page historique à étudier avec la plus grande passion...

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