Dans la création artistique qu’il s’agisse de théâtre ou de cinéma c’est quand même plus sympa d’être à deux ! Impossible de ne pas penser au duo lumineux et culte formé par Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui. Le « tandem Jabac » selon l'expression inventée par Alain Resnais a créé notamment de formidables passerelles du théâtre au cinéma, comme pour Cuisine et Dépendances au Théâtre Montparnasse (1992), un triomphe qui a été projeté deux ans plus tard au cinéma, ou un Un air de famille au Théâtre de la Renaissance (1994) qui a suivi la même voie. Comme leurs aînés, presque vingt plus tard, les complices Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte avancent eux aussi en duo. En 2010, ils ont fait un carton plein avec Le Prénom (mise en scène de Bernard Murat) au Théâtre Edouard VII, fait rare à Paris la pièce a été jouée près de 250 fois. Puis, ce succès théâtral a été prolongé dans sa version cinématographique pour être célébré en 2013 par les Césars des meilleur(e)s acteurs-trices pour Valérie Benguigui et Guillaume de Tonquédec. « 1h22 avant la fin » qui se joue actuellement est leur nouvelle création, le texte est de Matthieu Delaporte, Alexandre de La Patellière l'a rejoint pour la mise en scène. Sur le boulevard de Strasbourg, Mélanie et Frédéric Biessy les ont conviés sous le toit de La Scala, un abri éclectique reconnu comme rassembleur de talents. Il est aisé de comprendre à quel point l’attente du public est grande… c’est la rançon du succès.
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« 1h22 avant la fin » à la Scala
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WINTERREISE (Voyage d’hiver) d'Angelin Preljocaj au Théâtre des Champs Elysées, et Body and Soul de Crystal Pite à L'Opéra Garnier
En 2019, Crystal Pite crée Body and Soul pour le Ballet de l’Opéra de Paris, cette même année Angelin Preljocaj imagine Winterreise Voyage d’hiver initialement pour le Ballet de La Scala de Milan puis avec sa compagnie lors du Montpellier Danse. En ce début d’année 2022, attendu avec ferveur, le premier est repris à l’Opéra Garnier jusqu’au 20 février tandis que le second vient de triompher pour quatre représentations exceptionnelles au Théâtre des Champs-Élysées. Winterreise voyage d'hiver Ballet Préljocaj (photo Jean-Claude Carbonne)
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Times Square au Théâtre Montparnasse
Un comédien talentueux, désormais dévoré par le trac, s’oublie dans l’alcool tandis que son frère, désabusé par une vie sans saveur, fantasme sur la carrière du premier. En traits d’union, une jeune femme et un jeune homme, dont les démarrages dans la vie ont été difficiles, tentent d’échapper à leurs sorts en s’inventant un nouveau monde. Le tableau semble tragique, pourtant ces ingrédients sont idéals pour faire de ce moment une comédie juste, joyeuse, douce et émouvante. Times square au Théâtre Montparnasse fait scintiller le savoir-faire du théâtre de boulevard moderne pour illuminer et réchauffer merveilleusement ce morne hiver parisien. Cerise sur le gâteau, la joie de jouer de la petite troupe est terriblement communicative, le public se love dans le confort des fauteuils de velours du Théâtre Montparnasse, abandonné et passionné... -
"Noire La Vie méconnue de Claudette Colvin" par Tania de Montaigne au Rond-Point des Champs-Elysées

Alabama, bus de 14h30, 2 mars 1955. Claudette Colvin, du haut de ses quinze ans, refuse de céder sa place à un passager blanc. Condamnée à la prison, elle plaide non coupable et attaque la ville. Claudette Colvin écrit le début de l’histoire dont Rosa Parks sera un peu plus tard la Mère du mouvement des droits civiques. Son nom, il faut l’avouer personne ne le connaît, mais soixante ans plus tard en 2015, aux éditions Grasset, l’écrivaine, Tania de Montaigne veille au grain et rétablit les oublis de l’histoire, Claudette Colvin est sur le papier. Cet écrit est récompensé par le prix Simone Veil 2015 et est finaliste du Grand prix des lectrices de ELLE 2016.
Naviguant entre incarnation, témoignage et plaidoyer, Tania de Montaigne, aussi comédienne, dépasse l’écriture pour porter Claudette Colvin sur scène, en chair et en os, c’est au Théâtre du Rond-Point des Champs-Élysées.
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Planet [wanderer] au Théâtre National de la Danse, jusqu’au 30 septembre
En un élan, le public se soulève, les gradins de Chaillot grondent, des cris, bravos et hourras, s’ajoutent aux applaudissements. Enfin ! Enfin ! Du neuf !Comme son titre l’évoque, il est question de planète, la Terre et les matières minérales qui la composent, palpables, le quartz, l’argile ou le calcaire. Les entrailles de cette Terre dont nous nous extirpons pour naître, et dans laquelle on nous enterre ou bien on y mêle nos cendres pour disparaître. Une terre sombre et brillante, douce et rugueuse, créatrice et destructrice, inspirante et expirante. L’esthétique créatif du plasticien Kohei Nawa et la puissante chorégraphie de Damien Jalet se fondent en un seul et même désir. Énergique, radical, il est question de spectacle véritable comme on en voit peu. La formidable musique de Tim Hecker, électronique et humaine, infuse un liant qui va de soi entre visible et invisible. Les corps se tordent, se plient, chahutés par les caprices du temps celui du ciel ou des horloges.
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Charles Berling met en scène "Dans la solitude des champs de coton" au Théâtre 14
C'est un texte mythique. Créée en février 1987, au Théâtre des Amandiers dans une mise en scène de Patrice Chéreau, avec Laurent Mallet et Isaach de Bankolé, la pièce Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès (1985) est entrée dans le répertoire du théâtre contemporain. En ce très chaud mois de juin, sur les planches du Théâtre 14, dans un monde crépusculaire, terriblement proche, des monologues se cousent entre un dealer et son client. Empêtrés dans leurs désirs et empêchés par leurs angoisses, le flot de propos est remuant, perturbant, heureusement interrompu par de longs silences, nécessaires – sophistication extrême - pour laisser le temps aux spectateurs vaincus de se remettre des séries d’uppercuts envoyées par l’auteur. Les verbes forts de Koltès, puissamment jetés en pâture à nos esprits avides de savoir, révèlent ce qui ne peut-être dit qu’ici, sur ces planches, à moins que cela soit lu. Alors que la situation appartient au registre du quotidien, presque anodine, nos interrogations muettes sont criées, hautes et fortes, nos hontes, nos désarrois, nos peurs, dévoilés. Koltès est un traducteur de l’époque, du monde, des gens, et tant pis si ça fait mal c'est ça qui est beau.
Copyright : Nicolas Martinez - Scène nationale Châteauvallon
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DIVAS, d'Oum Kalthoum à Dalida, exposition à l'Institut du Monde Arabe
Oum Kalthoum, Warda al-Djazaïria, Asmahan, Fayrouz, Laila Mourad, Samia Gamal, Souad Hosni, Sabah et Dalida, entre autres, ont laissé une empreinte artistique impressionnante au cours du 20èmesiècle dans les domaines de la chanson, de la photographie, de la danse, de la mode jusqu’au cinéma, mais pas uniquement. Parce que l’époque le voulait et parce qu’elles avaient une indépendance d’esprit et des tempéraments hors du commun, ces femmes extraordinaires ont repoussé les murs des sociétés patriarcales, devenant des marqueurs historiques forts dans l’évolution politique et sociale des pays du monde arabe. -
The Tree : Carolyn Carlson ouvre en grand les portes de Chaillot
En 2020, la crise sanitaire a voulu faire taire les voix des arts, ces lieux protéiformes d’expressions et d’inventions constantes se sont refermés sur eux-mêmes… Seules les lucarnes d’internet, ondes radiophoniques et télévisuelles nous ont un peu éclairées. Seulement, quand on a l’habitude de voir ce qui est vivant, il est très frustrant de n’observer le monde que par le petit bout de la lorgnette. Heureusement, la chorégraphe Carolyn Carlson* - dont on se plait à dire depuis des lustres qu’elle est la plus française* des américaines, jusqu’à adopter la nationalité française en 2019 – a maintenu la tension du fil de sa créativité en parfaite osmose avec le temps qui passe et l’espace qui nous entoure. En "poète visuelle", Carolyn Carlson parle de vous, de nous, du monde.
Dans la maison nationale de la danse, le Théâtre de Chaillot, la Californienne qui a parcouru la Terre entière pour arriver jusqu'à nous est chez elle, notamment pour y avoir été artiste associée jusqu’en 2016. Après les pièces eau (2008), Pneuma et Now (2014), dont la source est née des écrits de Gaston Bachelard (1), sa plus récente création The Tree est le quatrième volet.

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"Crise de nerfs" au Théâtre de l'Atelier
« Crise de nerfs » réunit trois farces d’Anton Tchekhov sur la scène du Théâtre de l’Atelier: Le chant du cygne ou l’agonie d’un vieil artiste, joué tout en confidences, tendres et ironiques ; Les méfaits du tabac, terriblement burlesque et sarcastique ; et, Une demande en mariage, un tableau hystérique et délicieusement joyeux. Dans les trois, Jacques Weber est génial, et il n'est pas le seul ! -
"Une Histoire d'amour" à La Scala
La dernière création d’Alexis Michalik «Une histoire d’amour» a vu le jour en janvier 2020 au Théâtre de la Scala, avant de se voir couper les ailes suite à l’injonction du gouvernement conséquente à la crise sanitaire. Obéissante, l’ensemble de la capitale s’est tue, ses habitants et la culture aussi, hormis quelques soubresauts rarement mémorables en d’autres endroits comme les réseaux sociaux. Après ces presque six mois de silence, la plupart des théâtres parisiens ouvrent enfin leurs portes. La fébrilité est de mise, pour les artistes qui se sont torturés pendant tout ce temps, s’interrogeant parfois jusqu’à l’existence même de leur métier, et aussi pour le public qui a découvert qu’un Paris sans salles de spectacles n’a plus beaucoup d’intérêt. -
Toute l’histoire de la peinture en moins de deux heures au Théâtre de l’Atelier
Une écharpe pendouille autour de son coup, d'un même geste il s'en débarrasse avec son pardessus aux contours indéfinissables, juste quelques secondes après être entré sur la scène du Théâtre de l’Atelier. A la manière d’un professeur de faculté qui se campe face à ses étudiants, il lance quelque traits d’humour pour apprivoiser son auditoire. Il faut en effet un peu de temps pour s’habituer à sa voix et à son rythme : Hector Obalk marmonne, râle un peu et glousse souvent. L’Historien d’Art a l’humeur espiègle et se paye une bonne partie de cabotinage. Il peut se le permettre, la peinture c'est son domaine. Critique d’art et réalisateur du documentaire Grand Art sur Arte, Hector Obalk est aussi Commissaire d’exposition. Comme le titre de son spectacle-conférence l’indique, en moins de deux heures, il a fait le pari de déballer toute l’histoire de la peinture. -
The Opera Locos au Théâtre libre
« Théâtre Libre », c’est peut-être plus chic que « Le Comedia », le nom interroge et laisse envisager des perspectives inattendues comme la programmation prochaine en mars des Fourberies de Scapin - une production hors-les-murs de La Comédie française dont la mise en scène est signée Denis Podalydès. Le Théâtre Libre est sur les bords du Boulevard de Strasbourg, (à moins que ce dernier soit bientôt renommé Boulevard d’Edouard Baer) et fait - malgré les grèves - un carton plein, depuis octobre 2019, avec The Opéra Locos. Illico presto ! A une semaine près je loupais ce délirant spectacle musical, plus que quatre représentations entre le 28 février et le 1er mars... -
Sheku Kanneh-Mason, violoncelle et Isata Kanneh-Mason, piano - au Théâtre des Champs-Elysées
Le 19 mai 2018, lors du mariage du prince Harry et de Meghan Markle, deux milliards de téléspectateurs, sans compter le gratin international qui y assistait, ont découvert le jeune violoncelliste Sheku Kanneh-Mason, il avait dix-huit ans. Auparavant en 2016, décrochant les BBC Youngs Musicians à Londres, son album «Inspiration» l’avait propulsé au 11ème rang du Top 20 UK Official Album Chart, dont notamment un bouleversant arrangement de No Woman no cry de Bob Marley qui a réalisé un million de flux le premier mois sur Spotify. Un nouveau record qu'il a lui-même battu avec le tout récent enregistrement du Concerto d’Elgar, avec Sir Simon Rattle et le London Symphony, dans les mythiques studios d’Abbey Road, à piocher dans les bacs depuis le 10 janvier 2020.
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Jos Houben dans « L’art du rire » à La Scala - prolongation jusqu'au 29 mai 2020
Sur la scène de La Scala, il déboule avec l’allure d’un charmant professeur de faculté, de ceux qui donnent envie de lire tous leurs livres une fois le cours terminé. Grand et fin, d’une élégance un peu gauche, Jos Houben rythme son propos par des confidences, démonstrations burlesques et discours sur la méthode - la méthode pour faire rire. Un sujet choisi comme un prétexte pour parler de l’humain. Fascinant. -
"La Promesse de l'aube" par Stéphane Freiss au Poche-Montparnasse
Est-il possible de trop aimer son enfant jusqu’à fantasmer son existence ? C’est la question que l’on se pose en quittant le Poche-Montparnasse. Pendant plus d’une heure, Stéphane Freiss fait revivre la délicatesse des lignes, vives et drôles, de La promesse de l’aube, le roman quasi autobiographique de Romain Gary. Évidemment, les presque 380 pages de l’édition de Gallimard parue en 1960, ne sont pas toutes livrées sur scène. Stéphane Freiss a choisi d’évoquer rapidement les jeunes années polonaises de Romain Gary, né en Lituanie en 1914, puis de s’attacher à son adolescence lors de ces années niçoises (dès 1928) alors que sa mère était gérante de l'Hôtel-Pension Mermonts, jusqu’à son départ à la guerre. Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, LETTRES, ONDES & IMAGES, SCENES 0 commentaire Tweet Imprimer -
Saül au Théâtre du Châtelet jusqu'au 31 janvier
La plupart du temps consacré à des thèmes religieux, un oratorio n’existe que par la musique. Une musique aussi pure soit-elle qui ne s’encombre ni de mise en scène, ni de costume, ni de décor, ni d’aucun autre support scénique qui pourrait détourner l’œuvre lyrique de sa fonction première : l'écoute. Cette austérité se voit bousculer par nos artistes contemporains dont le metteur en scène australien Barrie Kosky, directeur artistique du Komische Oper de Berlin depuis 2012. Saül est un drame biblique inspiré du livre de Samuel, il a été composé en 1739 par Haendel sur une livret de Charles Jennens et produit la même année au King’s Theatre de Londres. Cet oratorio de Haendel, maître du genre, est à l’origine une production du Festival de Glyndebourne (2015), objet d’une création d’un esthétisme foudroyant, Saül est aujourd’hui sur la scène du Théâtre du Châtelet.
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« La Loi des prodiges (ou la Réforme Goutard) » à La Scala
Au commencement, François de Brauer s’est filmé, lui tout seul, dans les chambres des hôtels sillonnés par les tournées, entre deux répétitions ou bien chez lui. Une succession d’inspirations, des petites saynètes improvisées comme d’autres esquissent des instants de la vie quotidienne avec un crayon et du papier, pianotent des mélodies, inventent des poèmes ou fredonnent des chansons. Puis, un personnage a fait son apparition, Rémi Goutard. Un mal aimé, un drôle de gars qui attribue à l’Art toutes les raisons de son mal être. François de Brauer tenait son histoire. Alors, il est entré en scène pour donner vie à une vingtaine de personnages. Pour cette fois, il est à Paris à La Scala. -
War Horse à La Seine Musicale, île Seguin, jusqu’au 29 décembre.
La musique, le ballet et les grands textes émeuvent, parfois terriblement : les cils se noient, les creux des joues se mordent, les mains se nouent. On tente du bout des doigts, comme pour repousser une mèche de cheveux, d’empêcher une larme de couler. La rencontre entre l’intention esthétique et une belle histoire transperce le cœur des spectateurs les plus coriaces, heureux vaincus dans un consentement muet. Hormis à l’Opéra ou au cinéma, ces émotions s’expriment sur des territoires limités car souvent il faut qu’une certaine intimité se lient entre les artistes et les spectateurs, l'exercice est difficile et rare. Sur l’immensité du plateau de La Seine Musicale, War Horse remporte ce pari, tout en délicatesse et en émotion. Créé en 2007 par le prestigieux London National Theater, War Horse a été joué à Londres puis à travers le monde réunissant plus de huit millions de spectateurs. Sur grand écran en 2011, War Horse a inspiré le film éponyme de Spielberg. A Paris, jusqu’au 29 décembre, mis en scène par Marianne Elliott et Tom Morris et présenté par Thierry Suc (TS3/Fimalac Entertainment), War Horse est LE spectacle de La Seine Musicale à ne pas manquer !
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Monsieur X, jusqu’au 20 mars au Théâtre de l’Atelier
Derrière soi, il faut laisser se renfermer la porte battante du théâtre. Tourner le dos à la foule grise, fatiguée et fulminante d’un Paris qui gronde, l’oublier un temps pour partager un instant poétique baigné d’humanité, de surréalisme et d’humour. Rencontre avec Monsieur X.Il y a d’abord ses mains, fines et aériennes, des petites ailes virevoltantes qui auraient appris à parler. Et puis, il y a ce corps tout entier, ses haussements d’épaules rigolos et étonnés, ses bras qui balayent l’air à la vitesse d’une vague, sa tête qui s’incline comme lorsqu’on se penche vers un enfant. Au cinéma, on le connaît en funambule exercé aux pitreries, puis infiniment sensible et solitaire dans Petit éloge de la nuit au théâtre, pour cette fois Pierre Richard raconte une histoire sans parole, à nouveau seul en scène.
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La Pastorale jusqu’au 19 décembre au Théâtre National de Chaillot
Quadrillé de barres métalliques, le décor graphique de la scène de Chaillot revendique une nouvelle fois toute sa contemporanéité. Ici, la danse avance, vigilante aux mouvances de l’art de la chorégraphie sans jamais ignorer la création made in France, bien au contraire. Thierry Malandain fait partie de ce formidable élan, il vient d’ailleurs d’être nommé à l’Académie des Beaux-Arts, section chorégraphique, aux côtés de Blanca Li et Angelin Prejlocaj. En 2017, le ballet Noé avait reçu le prix de la « meilleure compagnie » par l’Association professionnelle de la critique de théâtre, de musique et de danse. A cette époque La Messa di Gloria de Rossini avait guidé l’inspiration du chorégraphe, pour cette fois Beethoven est le grand inspirateur, la Symphonie n°6 en fa majeur, opus 68, dite La Pastorale, composée entre 1805 et 1808, est l’occasion de fêter le 250ème anniversaire de la naissance de l’inventeur du romantisme. Avant son retour à la Gare du Midi de Biarritz, les 28 et 29 décembre prochains, et la création mondiale à l’Opéra de Bonn le 23 décembre, La Pastorale est en avant-premières exceptionnelles à Chaillot. Les vingt-deux danseurs du Ballet de Biarritz se sont frayés un chemin, dans un Paris pollué, vrombissant et klaxonnant, pour montrer toute l’expressivité esthétique de la nature.
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"Une des dernières soirées de Carnaval" au Théâtre des Bouffes du Nord, et en tournée dans toute la France.
La profondeur des murs ocres du Théâtre des Bouffes du Nord transporte immédiatement à Venise, on imaginerait presque les reflets ondoyants de l’eau sur les façades des palais... Au 18ème siècle, les fêtes du Carnaval se succèdent sur plusieurs mois, entre Épiphanie et Carême, cette exubérance mondaine tente de dissimuler les conflits qui ensanglantent l’Europe. La Sérénissime qui orne les rives de la mer Adriatique lutte contre le déclin qui s’avance, ses faiblesses commerciales et politiques s’oublient derrière les masques. En 1761, Carlo Goldoni (cf. Les Jumeaux vénitiens) s’apprête à quitter Venise, Paris le réclame pour la Comédie-Italienne, il écrit une dernière pièce « Une des dernières soirées de Carnaval », une lettre d’adieu, quasi autobiographique, à la cité lacustre.
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EVITA, LE DESTIN FOU D’EVA PERÓN, AU POCHE-MONTPARNASSE
Des couches de volants dont les sud-américaines raffolent et des froufrous hollywoodiens ornent une fantastique robe blanche. Ces volutes de tulles et mousselines couvrent tout l’espace scénique autour d’un bustier fixe, carcan ostentatoire ou uniforme cérémoniel, l’apparition fantasque s’anime comme la danseuse d’une boîte à musique, une Olympia des Contes d’Hoffmann dont la mécanique rigide ne parvient pas à contenir le flot des émotions... Sebastiàn Galeota, l’artiste argentin, s’est glissé dans ce costume pour métamorphoser Eva, la jeune fille de la pampa, en Evita. -
« J’ai des doutes » de et avec François Morel à La Scala jusqu'au 5 janvier, et en tournée dans toute la France.
L’humour c’était lui, aux côtés de Desproges et Coluche, avant que les boxes numériques et paraboles ne succèdent aux antennes-râteau. A la radio aussi, le rythme particulier de sa voix était familier. Mon père finissait ses fins de phrases et ma grand-mère disait de lui qu’il était un génie. Plus tard, alors que je l’avais manqué sur scène, j’ai eu la chance de le rencontrer dans les coulisses du Théâtre Trévise. Ces quelques minutes se sont transformées en un souvenir unique, un trésor. Alors, si vous considérez qu’il est assez ordinaire de porter sa voiture en bandoulière ou de rire avec ses muscles fessiers, rendez vous à La Scala. Dans J’ai des doutes, le comédien François Morel rend un hommage formidable à Raymond Devos. -
PATRICK MILLE & FLORENT MARCHET : RELIRE ARAGON AU THEATRE DE LA GAITE MONTPARNASSE
Au Théâtre de la Gaité Montparnasse, dans une ambiance intimiste, de la poésie engagée et des textes concernés. Rares. Nous sommes ici en territoire privilégié. Patrick Mille et Florent Marchet ont créé un canevas ténu pour rattacher les mots aux notes et pour fondre et confondre les sentiments en mélodies. « Relire Aragon» - malgré la difficulté apparente de la poésie de l’intellectuel communiste le plus respecté - coule comme de l’eau parfois débordante de sentiments ou déferlante en vagues rageuses. Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, LETTRES, ONDES & IMAGES, SCENES 0 commentaire Tweet Imprimer -
Barbara, Un jardin de Silence à La Scala
L’éclairage est savant, impossible de ne pas penser aux scènes sur lesquelles Barbara a régné, de l’Olympia au Théâtre du Châtelet. Une marque indélébile. Le plateau, chaleureux et baroque, est couvert de bouquets de fleurs. L’univers créé par Thomas Jolly est magique, l’atmosphère est d'une intimité troublante. On sent bien que le moment va être exceptionnel.Ce sont des apparitions fugaces, son allure, les accents de sa voix, Barbara chante et laisse s’échapper quelques confidences. Dissimulée derrière ses lunettes noires, celle qui rêvait d’être pianiste a une prédilection pour la chanson populaire, notamment celle des années 30. La reprise de "Elle vendait des p'tits gâteaux" de Vincent Scotto par L. est un instant formidable ! Puis la chanteuse devient auteur-compositrice, elle évoque surtout les méandres de l’âme et de l’amour.
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"Je m’appelle Erik Satie comme tout le monde » au Théâtre de La Contrescarpe
Il y a d’abord deux interprètes. Anaïs Yazit est une tragédienne géniale et un clown adorable, et l’inventif Elliot Jenicot dont les possibilités d’interprétation semblent infinies. Le compositeur Erik Satie hante les lieux et va jusqu'à prendre possession d'Elliot Jenicot. Entre extravagance et intériorité, le voyage est mouvementé et passionnant. -
« Balance ton père » au Théâtre Lepic
« Je ne sais pas si j'ai manqué au cinéma français mais à moi le cinéma français a manqué follement, éperdument, douloureusement.» C’était en 1996, Annie Girardot s’est saisi du César pour son rôle dans « Les Misérables » de Claude Lelouch. Au même moment, je me souviens du murmure de mon voisin de canapé : « Foutu milieu, foutu métier, …»*. Et oui ! A ceux qui pensent que le choix d’une carrière artistique est un métier d’amusements, et accessible à tous, je vous invite vivement à aller voir « Balance ton père » au Théâtre Lepic, Søren Prévost dit tout, il dévoile l’envers du décor avec une superbe franchise de cœur et d’esprit. Sans concession aucune, ni pour les autres et ni pour lui-même. Søren Prévost ouvre les vannes pour laisser déferler des vagues de poésie aux accents délicieusement absurdes, parfois douloureuse, jamais résignée et toujours drôle. -
Les Pâtes à l’ail sur la Scène Parisienne jusqu’au 30 décembre 2019
Monter sur scène est une sorte de défiance à l’égard de la télévision dans notre paysage culturel qui a toujours autant de mal à tisser des liens entre les genres. C’est le pari que s’est lancé Bruno Gaccio, l’auteur à succès notamment des cultissimes Guignols de l’Info, faiseur d’idées et de talents des grandes heures de Canal (à un époque où le « + » ne se prononçait pas), renoue avec cet inconfort et cette ultime expérience du direct parfait en remontant sur scène dans «Les pâtes à l’ail», quarante-ans après avoir quitté les planches du café-théâtre. -
Rouge de John Logan au Théâtre Montparnasse
Soirée intense au Théâtre Montparnasse. A la fin des années 50, un grand restaurant New Yorkais souhaite une fresque du peintre Mark Rothko (Niels Arestrup) ; pour répondre à cette commande, Rothko engage un assistant (Alexis Moncorgé). Dans l’atelier du peintre, les démons de Rothko se déchaînent, son anxiété du temps qui passe, sa quête de sens artistique et métaphysique et ses révoltes. Son assistant accuse les coups, écoute, apprend et fini par provoquer le maître de l’expressionnisme abstrait pour le pousser dans ses derniers retranchements…
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Looking for Beethoven au Théâtre le Ranelagh par Pascal Amoyel
La musique classique n’est finalement pas très à son aise dans le paysage français, ici ce sont les écrivains qui ont la meilleure place. Enfermée dans les salles de concert, et faisant figure de résistante dans l’univers du disque -alors que la pop a quasiment abandonnée la partie- la musique classique a trop souvent l’image d’une vieille dame sage aux traits lissés par une éternité passée à l’abri du soleil, tout comme ses interprètes, travailleurs acharnés, souvent blancs comme des linges. Cette bien fausse idée adoptée par la majorité des gens est hélas soutenue par les aficionados du genre, ils aiment à se terrer dans une forme d’entre-soi élitiste ne permettant à quiconque d’y entrer sans montrer patte blanche. Directeurs, spécialistes musicaux et amateurs très éclairés aident peu pour susciter une réelle ouverture au Monde, pour ne pas dire au peuple. Pourtant, à bien y réfléchir il suffirait de retenir le film de Milos Forman (1984) « Amadeus » pour constater à quel point Mozart, un des chefs de file de la musique "classique", fut incontestablement la star la plus pop et la plus rock de toute l’histoire de la musique.Comme le cinéaste américain, le pianiste et compositeur, Pascal Amoyel a tout compris. Au Théâtre Le Ranelagh, en 1h30 de spectacle intitulé « Looking for Beethoven », Pascal Amoyel saisit les cordes les plus sensibles, celles qui retiennent les touches blanches et noires autant que celles qui relient les émotions. Le titre l’indique, Amoyel conte Beethoven en mêlant sa propre expérience de vie au destin lumineux et tragique du génie romantique. L’ensemble se tisse avec humilité, de celle qui distingue les plus grands interprètes. La musique épouse les mots, ou l’inverse. Pascal Amoyel est Ludwig van Beethoven, sans artifice, l’interprète pare son jeu (dramatique et musical) de la couleur des sentiments, d'ailleurs peu importe le langage qu’il soit celui des mots ou celui de la musique, Amoyel passe de l’un à l’autre avec une épatante virtuosité.