Alexis Moncorgé joue. Il joue avec l’abandon dont seuls les enfants sont capables. Il joue « pour de vrai », il fait « comme si il était », à la perfection. Au Petit Montparnasse, Caroline Darnay dirige les pas du comédien dans une mise en scène extrêmement vivante, Denis Korensky l’éclaire même la nuit ou sur un océan déchainé, et Romain Trouillet crée une musique imagée tout autour de lui, tout autour de nous. La scène s’oublie, le public s’oublie, le spectacle est cinématographique, totalement immersif. Partons en 1528, un conquistador est prêt à en découdre avec les indiens du nouveau monde… Eldorado 1528 est jusqu’au 17 novembre au Petit Montparnasse, assurément un spectacle à ne pas manquer !
EN FAMILLE - Page 2
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Eldorado 1528 jusqu'au 10 décembre au Petit Montparnasse
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"Stéréo" jusqu'au 22 octobre à La Villette
La danse, le théâtre et la musique se rencontrent difficilement, un enseignement artistique très exigeant et donc trop catégorisé, un public en quête de repères culturels et des salles de spectacles peu adaptées participent peut-être à ce manque de liens entre ces arts. L'artiste français Philippe Découflé s’est toujours moqué de la complexité de cet environnement culturel très français, pendant la décennie géniale des années 80 pour la danse contemporaine (et pas seulement) il a peut-être été un peu regardé de haut par ses contemporains, pourtant il a été le seul à rendre cet art du mouvement accessible à tous. D’ailleurs un savoureux parfum de cette période se dégage de son nouveau spectacle « Stéréo » à La Villette, un groupe live (ultra bon), chant, guitare, basse, batterie, rock-pop, et souvent punk, s’illustre avec une troupe de sept talentueux danseurs. Ce spectacle entre en résonance avec le « Portrait » du plus jeune Mehdi Kerkouche, cette recherche de mixité des genres qu’elle soit physique, ethnique, sociale ou autres, portée par la voix des arts n’est pas nouvelle, Maître incontesté de cette filiation, il y a plus longtemps, Maurice Béjart en son époque avait déjà préparé le terrain.
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Portrait de Mehdi Kerkouche jusqu'au 5 novembre à la Scala Paris
Lors de cette satané crise de la COVID-19 en 2020, les artistes ont cherché des moyens d’expression, combler le vide laissé par la fermeture des salles de spectacle a été une question de survie, essentielle. Parmi eux, le chorégraphe Mehdi Kerkouche avec ses vidéos « On danse chez vous » a réuni 70 danseurs pour le plus grand plaisir des abonnés aux réseaux sociaux, tout en destinant son action au soutien du personnel soignant. Artiste fermement ancré dans son époque, Mehdi Kerkouche passe du cinéma à la publicité, fait des allers et retours entre la mode et la musique (Angèle, Christine and The Queens, ...), enseigne la vision de son art du mouvement, va jusqu'à créer une pièce chorégraphique (« Et si ») pour le Ballet de l’opéra national de Paris, et lance sa compagnie de danse EMKA en 2017. Désormais installé au Centre Chorégraphique de Créteil et du Val-de-Marne, l’objectif à la fois artistique et sociale de Kerkouche est d’ouvrir la danse au plus grand nombre et de créer des interactions entre les genres.
La danse, langage universel et ouverture au monde
Jusqu’au 5 novembre 2023, dans la toujours très innovante Scala, la création 2023 de Kerkouche offre à neuf danseur.se.s de donner vie à « Portrait ». Un « Portrait » de famille, celle que l’on ne choisit pas, celle qui rassemble ou éloigne, celle que l’on fuit ou qui étouffe, enfin celle que l’on aime ou que l’on craint.
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"Les Poupées Persanes" au Théâtre de la Pépinière
Dans les années 70 en Iran cela fait plus de 30 ans que le shah Mohammad Reza Pahlavi fait régner un gouvernement corrompu et aux pratiques violentes. L’opposition se forme portée par des intellectuels laïcs, essentiellement des étudiants et des mouvements populaires, vite récupérés par les religieux. Le shah s’oppose très fermement à cette opposition religieuse jusqu’à faire exiler l’Ayatollah Khomeiny, leader emblématique devenu historique. Exilé hors d’Iran pendant 14 ans (notamment en France, difficile de ne pas se souvenir des images de sa sortie de l’avion Air France…), l’Ayatollah Khomeiny tire les ficelles de la révolution iranienne, il accuse le shah de tyrannie et diffuse sa propagande théologienne qu’il qualifie de «démocratie islamique».
Téhéran, aujourd‘hui. Alors que le Prix Nobel de la paix vient d’être décerné à Narges Mohammadi, militante iranienne emprisonnée à Téhéran, Armita Garavand (16 ans) est dans le coma pour ne pas avoir porté le foulard hijab dans le métro... juste un an après le décès de la jeune kurde Jina Mahsa Amini (22 ans), arrêtée par la même police des mœurs chargée d'appliquer les règles vestimentaires strictes pour les femmes. Dans ce pays où il est coutume de capturer des étrangers afin de les utiliser comme un levier de chantage diplomatique et financier, les violences à l’égard des femmes se multiplient, elles peuvent-être mariées dès l’âge de 13 ans et sont considérées responsables pénalement dés 9 ans, l'agression sexuelle n'est pas considérée comme un crime et si un homme tue sa femme pour adultère il n’est pas sanctionné, aucune femme n’a accès à des fonctions politiques de haut niveau, ... la liste est longue, infiniment.
Inspirée par ses origines iraniennes, et de toute la complexité et la douleur de cet héritage, l’auteur Aïda Asgharzadeh a écrit « Les Poupées Persanes », elle y joue aussi avec une sincérité bouleversante. La pièce, déjà Moliérisée (Molière de l'auteur francophone vivant, Molière du comédien dans un second rôle pour Kamel Isker) a dépassé la 220ème représentation. La scène du Théâtre de la Pépinière réunit une jeune bande de comédiens et comédiennes (d’origines iraniennes ou pas) particulièrement dynamique et concernée par un sujet qui continue à faire écho à notre actualité. Cependant, ne vous méprenez pas, malgré le sujet traité, la pièce demeure un pur divertissement.
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"Le pianiste aux 50 doigts", Pascal Amoyel est jusqu'au 17 décembre 2023 au Théâtre Montparnasse
Chaque jour, je le constate. Fréquemment, j'apprends même à des personnes -pourtant de milieux très privilégiés- que "la musique est un métier" qu'il est possible d'en vivre, que les études sont ardues et longues... Cette affirmation laisse toujours un air dubitatif à mon interlocuteur, c'est un peu désespérant. La France n’est pas un pays pour la musique, il y a un vide intersidéral dans l'éducation, par conséquent les musiciens et les compositeurs y sont plutôt mal logés et rarement mis à l’honneur. A vous, public, de lever ce voile obscur en découvrant vite le spectacle de Pascal Amoyel. Entre ces lignes, nous l'avions déjà vivement applaudi lors de son spectacle au Ranelagh en 2019 "Looking for Beethoven". L'artiste est complet, pianiste, compositeur, comédien, il a eu ses Premiers Prix de Piano et de Musique de chambre au Conservatoire national de musique de Paris, il est Lauréat de la Fondation Menuhin et de la Fondation Cziffra, Premier Prix du Concours International des Jeunes Pianistes de Paris, et récompensé par les Victoire de la musique, Grand Prix de disque de Varsovie, Gramophone, Cannes Classical Awards, ffff de Télérama, Diapason d’Or de l’année, «Choc» du Monde de la Musique, 10 de Classica, Grand Prix annuel de la critique allemande … et j’en passe et des meilleures. Je vous laisse googliser et stalker, la liste de son palmarès est trop longue pour y figurer ici. Car, quand on a la chance d’avoir un artiste français qui sache sortir des grandes salles de concert et du carcan feutré de la musique classique, une camisole historique pour laquelle la révolution française n’a rien changé remontant certainement aux temps où l’Église et les rois en étaient les principaux mécènes, il ne faut surtout pas le louper !
Son spectacle, « Le pianiste aux cinquante doigts » présenté au Théâtre Montparnasse est un régal, un moment de grâce qui éveille (ou élève) l’oreille, l’humour, la tendresse et l’amour. Oui, car pour bien faire il faut d’abord aimer et c’est de cet amour immodéré pour la musique, salvatrice même aux pires périodes de la vie, dont il est question.
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"Le mystère Sunny" au Théâtre Montparnasse, jusqu'au 3 décembre 2023
Alors que la milliardaire, Sunny von Bülow est toujours dans le coma (elle décèdera en 2008 après avoir passé 28 ans dans le coma), en 1990, Nicholas Kazan et Barbet Scroeder signent le film « Le Mystère von Bülow » (« Reversal of Fortune ») dans lequel Jeremy Irons interprète Claus von Bülow (Oscar du meilleur acteur), tandis que Glenn Close joue sa femme Sunny. Cette histoire tragique et sulfureuse est inspirée d’un fait réel.
Dix ans plus tôt, le procès de Claus von Bülow a défrayé la chronique. Ted Turner vient de lancer la chaîne d’information américaine CNN et le procès von Bülow est un sujet à part entière, il déchaine les passions et participe très certainement au succès de CNN. Le milliardaire new-yorkais est accusé du meurtre de sa femme, condamné puis acquitté en appel grâce à l’avocat Alan Dershowitz. Bien qu’ardent défenseur de von Bülow et remportant la victoire au barreau de New-York, le jeune professeur de droit à Harvard demeurera persuadé de la culpabilité de son client…
L’auteur Alain Teulié - qui nous a tant régalé la saison dernière avec « Le Manteau de Janis » dans la petite salle du Montparnasse - a imaginé une rencontre entre von Bülow et Alan Dershowitz, dix ans après le procès.
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« Bollywood Superstars : histoire d’un cinéma indien » au Musée du Quai Branly, jusqu'au 14 janvier 2024.
« Avatar », un mot qui semble appartenir à un univers moderne et numérique est en fait un mot issu du sanskrit, un des langages les plus anciens du monde, il désigne une des métamorphoses ou incarnations sur Terre du dieu Vishnou… C’est fou ce que l’on peut paraître ignare à découvrir l’exposition « Bollywood Superstars : histoire d’un cinéma indien » du Musée du Quai Branly.
L’exposition arrive du Louvre Abu Dhabi où elle a été présentée jusqu’en juin 2023, la lumière qui est faite sur le 7ème art indien fourmille de richesses aussi insoupçonnées que surprenantes car somme toute, l’Inde est lointaine et mystérieuse.
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Marion Motin /Xie Xin /Nicolas Paul /Crystal Pite à Garnier, jusqu'au 12 octobre 2023
Soir de Gala à L’Opéra de Paris
C’est toujours un moment émouvant et unique - même si l’Orchestre Pasdeloup confond le défilé du Ballet de l’Opéra national de Paris avec un spectacle de majorettes - la connivence entre la joie des artistes et l’enthousiasme du public, le chic des tutus blanc et la magnificence des lieux nous indiquent qu’il s’agit bien de la soirée d’ouverture de la saison de l’Opéra de Paris.
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Ex-traits de Femmes par Anna Kessler au Théatre14 jusqu'au 30 septembre 2023
Avant de lire quoique ce soit, je préfère voir et entendre, avec toujours le secret espoir d’être surprise. Il y a des théâtres pour lesquels on se trompe rarement ou les programmations sont justes, respirant l’air du temps, parfois audacieuses, et où un niveau de qualité demeure, c’est le cas du Théâtre 14. Anne Kessler ouvre la saison, le théâtre de la Porte de Vanves peut se vanter d’avoir fait venir une Sociétaire de la Comédie française jusqu’à lui.
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Nicolas de Staël au Musée d’Art Moderne de Paris jusqu'au 21 janvier 2024
« Le peintre Nicolas de Staël vient de trouver tragiquement la mort à Antibes. Il était au comble du succès… Il était revenu exténué de New-York, mais heureux, amusé, de s'y être malgré tout imposé… » écrit André Chastel, le 25 mars 1955 dans Le Monde. Alors que sa peinture explose de mille feux, Nicolas de Staël, à quarante-et-un an, tire le rideau définitivement sur la vie. Voué à son art, son obsession de la peinture n’a pas été suffisante pour le sauver entièrement de la mélancolie qui a embrumée sa vie. Pourtant, l’aristocrate, apatride et orphelin, a toujours su camoufler par un vif enthousiasme et des éclats de rire cette enfance rayée par la révolution russe de 1917, cette excessivité n'était pas de bon augure...
« C’est si triste sans tableaux, la vie, que je fonce tant que je peux. »
Guidé par l’amour qu’il porte aux femmes de sa vie et à ses enfants, il crée une famille tout en souhaitant fréquemment y échapper pour rejoindre une solitude qu’il juge nécessaire à son inspiration. Refusant de faire un choix entre figuration et abstraction, Nicolas de Staël n’a de cesse de mener une quête acharnée pour une autre peinture, égarant les galeries, marchands et collectionneurs loin derrière lui, il perturbe l'ordre établi en ne refaisant jamais le même tableau et fait de son art un territoire d’expérimentation illimité.
« Toute ma vie, j'ai eu besoin de penser peinture, de voir des tableaux, de faire de la peinture pour m'aider à vivre, pour me libérer de mes impressions, de toutes les sensations, de toutes les inquiétudes auxquelles je n'ai trouvé d'autre issue que la peinture.» Lettre de Nicolas Staël à Théodore Schempp
Avec plus de 1000 tableaux et autant de dessins, Nicolas de Staël laisse les preuves de son obsédante enquête sur les secrets de la lumière et des couleurs, sans pour autant abandonner le sujet pour la forme. De ce questionnement magnifique et bouleversant le Musée d’Art Moderne livre une lecture toute aussi passionnante. Le parcours est à la fois grandiose, par la richesse des propositions picturales, et intime, par ces illustrations et précieuses archives qui laissent entrevoir, si cela est possible, l’artiste et peut-être l'homme…
LC
(cd photo : Nicolas de Staël, Agrigente, 1954, Huile sur toile, 60 x 81 cm, Collection particulière, © Photo Annik Wetter © ADAGP, Paris, 2023).
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"Le manteau de Janis" prolongé jusqu'au 28 mai !

La programmation de la petite salle du Théâtre Montparnasse surprend toujours, c’est un credo auquel elle ne déroge pas depuis longtemps ! Aussi loin que je me souvienne : l’invraisemblable et géniale La Goutte de Guy Foissy avec Claude Piéplu et Jacques Seiler (1985), le magistral Fabrice Lucchini dans Voyage au bout de la nuit (1988), ou carrément plus récent, les bouleversantes Andréa Bescond dans Les Chatouilles (2016) et Béatrice Agenin dans Marie des poules (2020), ou bien encore le remuant Adieu Monsieur Haffmann de Jean-Philippe Daguerre (2018). Le Petit Montparnasse a le don d'être à l'écoute des auteurs et des artistes afin de dénicher des phénomènes théâtrales et de leur donner l’élan nécessaire pour de vibrants succès ! Tout ceci est de très bonne augure pour Le Manteau de Janis d'Alain Teulié prévu en ces lieux jusqu’au 25 mars.
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THE ONE DOLLAR STORY, Les Plateaux Sauvages, jusqu'au 17 février
Raconter l’histoire de « The one dollar story » - actuellement sur la scène des Plateaux Sauvages jusqu’au 17 février - serait un peu comme dévoiler la fin d’un roman à succès… Alors, comme l’auteur de la pièce a lui-même promis d’en extraire un roman, il y a deux solutions : allez aux Plateaux Sauvages ou attendre la sortie du roman. Je vous conseille la première solution, comme l’on fait Dennis Hopper et Peter Fonda sur leurs choppers dans le film Easy rider, il faut rencontrer ces hippies des années 70, partir loin, parcourir la majesté de ces grands espaces américains, goûter à ces ambiances psychédéliques, là où la beauté et le sordide voisinent.Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, LETTRES, ONDES & IMAGES, SCENES 0 commentaire Tweet Imprimer -
« Gisèle Halimi, une farouche liberté » à La Piccola Scala, jusqu'au 6 avril
Le 28 juillet 2020, au lendemain de son 93e anniversaire, l’avocate Gisèle Halimi quitte une vie exemplaire nourrie de révoltes et d’engagements. Peu de temps avant sa disparition, Annick Cojean, grand reporter au Monde, a recueilli ses propos dans un livre qui paraît cette même année « Gisèle Halimi, une farouche liberté » chez Grasset. Adaptés et portés sur la scène de la Piccola Scala, ces entretiens révèlent la vie et les combats d’une femme hors du commun, une femme qui a changé le monde.
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Bérénice à La Scala : prolongé jusqu'au 19 février !
Rome. Portés par un puissant amour, Titus et Bérénice sont à l’aube de leur mariage. Mais, la mort du père de Titus, Vespasien, vient contrarier ce projet. Contraint par son devoir de nouvel empereur face au peuple de Rome, Titus va devoir sacrifier son destin amoureux.
Muriel Mayette-Holtz a déjà mis en scène Bérénice à la Comédie-Française en 2011, pour cette fois, à La Scala, la directrice du Théâtre de Nice* orchestre le chef d'oeuvre de Racine avec Carole Bouquet dans le rôle-titre, entourée par Frédéric de Goldfiem (Titus), Jacky Ido (Antiochus), Augustin Bouchacourt et Eve Pereur.
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FIN DE PARTIE au Théâtre de l'Atelier : Prolongation jusqu'au 16 avril !
22/01/2023.Au Théâtre de l’Atelier le spectacle commence dans la salle : les soirs de premières la fréquentation fourmille de comédiens et comédiennes, ils ont le regard vif qui porte loin et le salut fraternel, avec une assiduité sans failles ils viennent soutenir et applaudir leurs copains. Alors que le pays gronde son mécontentement face aux réformes annoncées, ici personne ne discute et encore moins attend les directives gouvernementales pour décider l’âge de la retraite, il n’est pas question d’arrêter de jouer, jamais. A ce propos, le théâtre de la Place Charles Dullin tient sa programmation au plus près du temps qui passe, le sujet de « Fin de partie » est d’ailleurs très nécessairement inspirant. Dont acte.
La pièce, écrite en 1957 par Samuel Beckett, est un huis-clos tragi-comique dont la savoureuse étrangeté littéraire traite de la dégradation des corps, de la fuite des esprits, de l’impotence des sentiments, et pas seulement… Cette inévitable et cruelle fin d’existence, Beckett l’attaque comme une énigme, il apporte des indices teintés d’humour noir, truffés de répliques corrosives, parfois tendres, en ne s’épargnant pas d’aller enquêter au fin fond de nos âmes, recoins sombres, affres et autres tourments.
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"Quand je serai grande je serai Patrick Swayze" au Rond-Point des Champs-Elysées jusqu'au 19 février
Ayant beaucoup soupé des one-man/woman show de tout poil et autres stand-up, j’avais fait la promesse de ne pas récidiver, cette fois-ci je fais une entorse à mon règlement, le titre du spectacle ‘Quand je serai grande je serai Patrick Swayze ‘ sonne comme une invitation personnelle, un message subliminal... j'y cours ! Ma crainte, toujours dans un seul en scène, est le point de vue nombriliste de l’hôte, l’artiste se prélasse de l’effet miroir de sa narration sur le spectateur qui se réjouit de se sentir moins seul. Un peu comme chez certains auteurs, à qui on n’ose pas le dire d’ailleurs, le récit de la vie, sans compter les névroses qui s’y rattachent, n’a souvent d’intérêt (thérapeutique) que pour la personne qui raconte… Sauf ! Sauf quand le conte prend un caractère universel et c’est exactement ce que Chloé Oliveres a brillamment et généreusement réussi à faire.
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"En attendant Godot" à La Scala jusqu'au 8 avril
En 1996, c'est une claque ! Pierre Arditi est Vladimir, Marcel Maréchal est Estragon, Robert Hirsch est Pozzo, Jean-Michel Dupuis est Lucky, tous réunis sous la houlette de Patrice Kerbrat au Théâtre du Rond-Point des Champs-Élysées. Samuel Beckett a bondi d’entre les pages de mes lectures, plus vivant que jamais, la mise en scène et les interprétations données par chacun des comédiens restent figées dans ma mémoire pour cette production, impossible à dépasser... Cependant, depuis la semaine dernière sur le bord du boulevard de Strasbourg, la Scala affiche En attendant Godot. Beckett reste irrésistible, et puis une mise en scène d’Alain Françon, une des vedettes du théâtre français, ne peut qu’éveiller l’interêt. En attendant Godot à La Scala - créé en juin dernier aux Nuits de Fourvière - promet d’être un événement.
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« On n'est pas là pour disparaître » au Théâtre14 jusqu'au 18 février
C’est vraiment arrivé. Monsieur T. a tenté d’assassiner sa femme de cinq coups de couteau. Il ne s’explique pas, il ne s’excuse pas, il ne se souvient pas.
L’expertise psychiatrique conclue que l’homme âgé de 72 ans est atteint de la maladie d’Alzheimer. Il a eu une crise de démence violente, un symptôme rare.
Selon l'OMS, 139 millions de personnes dans le monde seront atteintes pas la maladie de A. à l'horizon 2050. Alors que l'art-thérapie est entré dans les parcours de soins pour améliorer la vie des malades, les auteurs et artistes eux aussi se sont appropriés le sujet (comme par exemple les films : Still Alice, The father, ...) pour faire rayonner autrement leur lecture de la maladie, une nouvelle preuve du formidable pouvoir de résilience de la nature humaine.
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Beaver Dam Company – Edouard Hue, à la Scala jusqu'au 28 janvier
Comme deux feuilles soulevées par le vent, deux corps se dispersent d’une façon qui semble aléatoire, puis fusionnent, pour s’éloigner à nouveau et encore s’entrechoquer, se rassembler. Les dos se courbent comme les boucles d’une écriture tracée à la plume, les pieds se rentrent pour protéger l’intime et les mains se cassent pour mieux attraper l’autre, les épaules et les genoux se déboitent, les cages thoraciques se font tambours… "Shiver" est un frisson, le titre est d’une grande justesse pour décrire ce pas de deux amoureux aux abandons poétiques et au romantisme absolu, impossible de ne pas penser aux envolées lyriques du chef de file Angelin Preljocaj… Sauf que chez Edouard Hue le néo-classicisme est éloigné, ici tout est résolument contemporain. Et d’ailleurs, ce moment de danse proposé par La Scala donne envie de revendiquer haut et fort : enfin du neuf ! -
L’augmentation au Théâtre14 jusqu’au 21 janvier
"L’Augmentation" fut au départ écrite pour une fiction radiophonique puis jouée au théâtre dans une mise en scène de Marcel Cuvelier en février 1970. Obtenir un rendez-vous avec son supérieur hiérarchique pour lui réclamer une augmentation va au-delà de l’anecdote une fois qu’elle est passée par l’esprit de Georges Perec. Si ce n’est pas du cirque c’est un drame Shakespearien, et quand le rire ne vous empêche pas de reprendre votre respiration une sourde torture s’installe, sournoise. Car, c’est une chance pour vous, si le propos exploré par l’auteur ne vous interpelle pas sur un moment de votre vie. Dans l’écriture de Georges Perec il y a le monde dans son entier, une caricature de la sphère sociale et économique et en particulier du travail, dans une grande justesse avec des portraits de caractères d’une lucidité glaçante.
Se jouant de la contrainte de la répétition, Georges Perec a la plume finement aiguisée, l’auteur se créé des ornières pour mieux sauter de côté, les difficultés semblent stimuler son imagination littéraire. Orphelin dès l’âge de sept ans, son père est tué en 1940 et sa mère est déportée trois ans plus tard, Perec est un familier du drame, le monde lui apparaît très nettement, tel qu’il est, très tôt. Pour « L’Augmentation », la géniale perspicacité de l’auteur, ce don pour observer le monde est élégamment assaisonnée d’un humour décapant et infiniment cynique.Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, LETTRES, ONDES & IMAGES, SCENES 0 commentaire Tweet Imprimer -
Pénélope de Jean-Claude Gallotta, au Théâtre du Rond-Point
En 1995, l’Opéra de Paris ouvre sa saison chorégraphique avec Les Variations d'Ulysse de Jean-Claude Gallotta, c’est une commande pour le Ballet, désormais inscrite au répertoire. Avec cette oeuvre, initialement inspirée par Ulysse, voyage intérieur créée en 1981 par Jean-Claude Gallotta, l’Opéra de Paris affiche sa ferme volonté d’offrir une place à la chorégraphie contemporaine française. C’est un triomphe ! Sur la scène de Bastille, le ballet blanc est composé de quarante-sept danseurs accompagnés des étoiles plus que brillantes, Marie-Claude Pietragalla et Carole Arbo, et Patrick Dupond dont la poésie et l’humour sont impossible à oublier !
Entre Joyce et Homère, le chorégraphe français, élève de Merce Cunningham, a démultiplié la vie d’Ulysse, et comme pour le héros éponyme le ballet devient mythique. Évidemment, Jean-Claude Gallotta ne s’arrête pas là. Comme tout bon créateur qui se respecte, il a fait l’homme, il manque la femme : Pénélope voit le jour dans une version opposée, d'un noir chic, elle est une figure féminine volontaire que toute les femmes souhaitent comme modèle, c’est à dire absolument pas résignée. Pénélope n’attend pas, elle est, elle aussi, une conquérante. Ce moment formidable de danse contemporaine se passe sur les planches du très cosy Théâtre du Rond-Point (dans lequel le Grenoblois est artiste associé), jusqu'au 22 janvier... Autrement dit, il n'y a pas de temps à perdre pour réserver ses places ! -
« DABADIE OU LES CHOSES DE NOS VIES » au Théâtre de l'Atelier
C'est une avalanche étourdissante. Michel Polnareff, Guy Bedos, Claude Sautet, Michel Piccoli, Romy Schneider, Yves Robert, Serge Reggiani, Régine, Claude Pinoteau, Mireille Matthieu, Claude François, Barbara, Julien Clerc, Johnny Hallyday, Jean-Paul Rappeneau, Jean Becker, Michel Sardou, Yves Montand, Dalida, Barbara, Jacques Dutronc, Johnny Hallyday, Isabelle Boulay – et j’en oublie - ont tous été traversés et souvent propulsés par la plume de Jean-Loup Dabadie. Des mots précieux, fragiles et puissants, agiles comme des acrobates, mélancoliques ou comiques, en apparence légers et pourtant profonds. -
« La leçon » au Théâtre de la Madeleine
Depuis sa première représentation en 1951, « La leçon », une des premières pièces d’Eugène Ionesco, est jouée sans jamais s’interrompre -juste après La cantatrice chauve- au Théâtre de la Huchette depuis 1957 ! Cette fois-ci les mots d’Ionesco, totalement sarcastiques et absurdes, se transforment en une comédie dansée sous l’impulsion des chorégraphes et metteurs en scène Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault, sur les planches du Théâtre de la Madeleine. -
Le Principe d'incertitude au Théâtre Montparnasse
A la gare de Saint Pancras, le regard de Georgie, une extravagante américaine de 40 ans, croise celui du très discret Alex, de 30 ans son ainé. Une curieuse rencontre entre ces deux personnages que tout oppose... Magnétique. Il suffit à Laura Smet d’envoyer sa paire d’yeux bleus dans les projecteurs pour emmener tout et tous à sa suite, elle a un truc qui relève de l’instinct et qu’on n’explique pas. C’est sa toute première fois au théâtre. Est-ce que cela a réellement de l’importance pour celle dont le prénom a été chanté tant de fois sur les plus grandes scènes et applaudit par le plus grand public que l’on puisse imaginer ? Peut-être… pour excuser un certain ton monocorde de sa voix qui ne sait pas toujours comment se placer pour emplir le vaste Théâtre Montparnasse ou pour cette façon de jouer tendue qui menace de couper son souffle et qui s’apprête à libérer ce trac terrible, cette bête prête à bondir, à attaquer ? Peut-être… Pourtant, sans choisir la facilité, la comédienne s’est avalée une sacrée tartine de texte, un texte difficile pour lequel Jean-Pierre Darroussin réplique souvent par de longs et profonds silences dont lui seul a le secret. De sa magistrale tenue de jeu, Darroussin couve sa protégée, il la guide, la laissant s’accrocher à son implacable maitrise des situations et à son phénoménale talent pour occuper l’espace tout entier. Ainsi inspirée, dans une sorte de pudeur fragile qu'elle balaye d'un sourire, Laura Smet transforme l'essai en une performance troublante.
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"Respire" à La Piccola Scala, jusqu’au 8 octobre 2022
Dans un couloir d’hôpital, une mère attend, une nuit durant. Elle espère, désespère, espère de nouveau que son enfant née quelques heures auparavant parviendra à respirer seule. Derrière la vitre qui les sépare, la mère parle à sa fille, pour tenter comme elle peut de l’attirer vers le monde des vivants. Une nuit durant, dans un couloir d’hôpital, une mère attend et vacille entre la rage et la supplique, en animal doutant de ses forces.
Respire Sophie Maurer (éditions Koinè, 2020).Lien permanent Catégories : EN FAMILLE, LETTRES, ONDES & IMAGES, SCENES 0 commentaire Tweet Imprimer -
Lawrence d'Arabie au Théâtre du Gymnase prolongé jusqu'au 22 mai
En 1916, l'accord Sykes-Picot divise les territoires ottomans entre la France et le Royaume-Uni. L'écrivain Thomas Edward Lawrence, officier de liaison auprès des forces arabes, s'engage dans la révolte arabe (1916-1918) contre l'occupant Turc, l'Empire Ottoman. Fin stratège, Lawrence dessine le projet d'un empire arabe sous influence britannique. De ce périple dans la péninsule arabique, Thomas Edward Lawrence livre un récit autobiographique Les Sept Piliers de la sagesse. Quarante années ce sont écoulées, les aventures historiques de Lawrence enthousiasment David Lean, le réalisateur britannique vient de réaliser Le Pont de la rivière Kwaï. En 1962 sur grand écran, Peter O'Toole est à jamais Lawrence d'Arabie, le film chef d'oeuvre épique est sept fois oscarisé, notamment récompensé comme meilleur film et meilleur réalisateur. L'histoire ne s'arrête pas là. Jusqu'au 8 mai, au Théâtre du Gymnase, Eric Bouvron emporte à sa suite une troupe de comédiens décidés à faire glisser le sable du désert jusqu'au coeur de Paris...
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Acosta Danza à Chaillot jusqu'au 18 mars
La danse est très certainement née d’une manifestation des sentiments, une trajectoire des émotions s’est extériorisée jusqu’à s’exprimer en mouvements : quand on est heureux, on danse, n’est-ce pas ? Cet adage, parfois oublié dans les arcanes de la danse et de ses initiés, est assurément celui de la compagnie de Carlos Acosta. Cuba. L’ile caribéenne écrasée par le soleil subit une histoire politico-sociale plus que mouvementée, cependant la musique et la danse ont toujours fait acte de résistance. Avec ses cabarets et ses grands orchestres, des styles musicaux puissants se sont créés et se sont répandus sur toute la planète, comme le Son, la Rumba, le Bolero, le Mambo, le Cha Cha Cha. Seulement, cette créativité s’est mise en sommeil dès 1959 lors de l'arrivée au pouvoir de Fidel Castro. Les cabarets de la Havane ont fermé, l’industrie touristique s’est éteinte et de nombreux artistes ont fui vers les États-Unis. Pour autant, la musique ne s’est pas complètement tue et la danse, même si elle s’est faite à pas feutrés, est resté dans les jambes, les hanches, les bras et les épaules. Avec les artistes, la danse et la musique ont voyagé, elles se sont enrichies d’influences portoricaines et d'intentions jazz et rock venues du fin fond des boîtes Newyorkaises jusqu’aux années 1990. Enfin, sur le territoire, malgré la chape de plomb posée sur la culture cubaine, la culture populaire a poursuivi son chemin, elle s’est étoffée et la salsa est née.
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Les Producteurs au Théâtre de Paris
La production de spectacles musicaux au Théâtre de Paris est une tradition lointaine, presque oubliée, et assurément regrettée. Des années 70 avec les opéras bouffe d'Offenbach mis en scène par Maurice Lehmann comme La Périchole ou Barbe-Bleue, jusqu’à Cats et Starmania à la fin des années 80, l’espace scénique du Théâtre de Paris a plusieurs fois prouvé être un écrin parfait pour accueillir chanteurs, musiciens et danseurs. D’ailleurs, Alexis Michalik, l’auteur et metteur en scène, spécialiste des succès à la pelle - comme Le porteur d’histoires, Le cercle des illusionnistes, Edmond ou plus récemment d’Une histoire d’amour - ne s’y est pas trompé et le public, habitué à sillonner ce petit Broadway parisien formé par le Théâtre Mogador, Le Casino de Paris, et le Théâtre de Paris, s’est engouffré à sa suite pour aller applaudir Les Producteurs. -
"Folle Illusion" à La Nouvelle Eve
" Les folies sont les seules choses que l'on ne regrette jamais". Oscar Wilde.Une fois dépassé les goulots embouteillés des grands boulevards qui se déversent sur la place de Clichy, les petites rues du 9ème arrondissement de Paris font les crâneuses avec leurs frontons de Théâtres qui affichent « complet » tandis que les terrasses débordent joyeusement sur les trottoirs. Rue Fontaine, La Nouvelle Eve « est l'un des plus anciens et des plus élégants théâtres de revue de Paris », c’est la promesse qui est faite. A l’entrée, un cerbère barre le passage avant de vérifier, avec un sourire aimable accompagné d’une petite blague, si le pass vaccinal de chacun est à jour ; dans ces salles de spectacles parisiennes, on ne rigole pas avec les restrictions sanitaires, l’addition est trop chère payée. Avant même de prendre place, les quelques 200 personnes du public de La Nouvelle Eve sont accueillies par des artistes poudrés aux regards pailletés, leurs boucles de cheveux brillantes et des cascades de strass couvrent des épaules robustes qui surplombent des robes ajustées au millimètre. Grandes, presque aériennes tant les talons des escarpins, de couleur or ou argent, sont d’une hauteur vertigineuse, ces divas de la nuit à la voix grave offrent des sourires généreux, des sourires pointés là sur vous, armes irrésistibles, pas de quartier il est ici question de s’amuser !
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"Huis clos" au Théâtre de l'Atelier jusqu'au 18 mars
Un seul acte, efficace et foudroyant. Huis clos écrit par Jean-Paul Sartre en 1943 est une claque, née de l’existentialisme sartrien, qui atteint sa cible avec une exactitude bouleversante et une puissance indiscutable, raisons pour lesquelles cette pièce est celle la plus jouée de toute l’œuvre théâtrale de Sartre.
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