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La pièce de Broadway,Butterflies are free, de l'auteur américain Léonard Gershe récompensé en 1973 par un Writers Guild of America Award, semble vouloir prolonger son succès à Paris...
Quentin (Julien Dereims) vit dans un studio du quartier de Barbès à Paris, il est musicien. Sa voisine, Julia (Anouchka Delon) est une comédienne en devenir. La mère de Quentin (Nathalie Roussel), écrivaine et bourgeoise de Neuilly, souhaite protéger son fils des femmes, de la vie...
C'est une tradition, les pièces dites "de boulevard" ornent les frontons des Théâtres Privés Parisiens, ceux du 9ème arrondissement mais aussi ceux de la rue de la Gaité ; c’est souvent le cas lorsqu’il s’agit d’une pièce avec une mise en scène sans surprise, mais efficace, de Jean-Luc Moreau, et, avec une adaptation sans surprise aussi, mais aussi efficace, d’Eric Emmanuel Schmitt.
Raymond Devos disait : « Le rire est une chose sérieuse ! », le violoncelliste Laurent Cirade, et, le pianiste Paul Staïcu ne sauraient contredire la maxime du Maître de la dérision. Les intrépides virtuoses se sont libérés d’une technique, déjà éprouvée sur les bancs des conservatoires, orchestres prestigieux et en tant que soliste, pour créer« Duel ».
En interprétations loufoques, délicates espiègleries, digressions délirantes, et intentions théâtrales, les musiciens débridés traversent un répertoire coloré : jazzy, rock, populaire ou classique ; toutes les musiques se confrontent, à la fois aux insolentes cordes du violoncelle, aux tendres touches du piano et autres instruments surprenants (scie, fil de pêche, didgeridoo,…).
Cette petite bourgeoisie de province et son ennui caractéristique, Gustave Flaubert en connaît bien les travers pour l’avoir vécu auprès de ses parents alors que son père était chirurgien à l’Hôpital de Rouen. Ce louable ennui a fait naître un des plus grands romans du XIXe siècle, « Madame Bovary », aujourd’hui adapté en version scénique au Poche-Montparnasse.
Ce spectacle est un délice, doux et amer à la fois : un gâteau au chocolat sucré cerné d’amandes croquantes roulées dans du pur cacao, fourni de zestes d’oranges et de citrons… parfait pour cet hiver !
Au bord d’un des lacs du Bois de Boulogne, le plus pur des arts du spectacle s’exerce sur la scène circulaire d’Alexis Gruss.
Nous sommes accueillis avec attention et gentillesse, les sourires clignotent, nous nous engouffrons dans la tiédeur du chapiteau comme dans un passage vers un ailleurs réconfortant. Les démonstrations équestres du spectacle précédent ont laissé un parfum d’écurie qui se mêle aux effluves des barbes à papas, pop-corn et autres plaisirs sucrés échappés des guinguettes colorées qui cernent l’entrée du public...
Le ciel de toile est orné d’armatures brillantes aux entrelacements savants, le ton est à la mythologie, Pégase et Icare promettent de se partager la vedette.
C'était en mars 2015 au Châtelet et c'est à nouveau à l'affiche jusqu'au 15 janvier 2016 : attention chef-d'oeuvre !
Le magicien - Ma première fois c’était en 1993 au Grand Théâtre de Bordeaux pour Les Noces de Figaro. William Christie dirigeait la musique, et, Robert Carsen architecturait l’espace. Ce soir là, je découvrais qu’il était donc possible de faire traverser la lumière du jour jusqu’à la scène d’un théâtre ? Une autre dimension s’ouvrait… Ce fut un éblouissement, à tel point que mon regard sur les choses de l’éphémère changea définitivement.
Robert Carsen, le metteur en scène canadien, est capable de ça et de bien d’autres choses. Que ce soit pour Disneyland (Buffalo Bill’s Wild West Show), pour les plus grands opéras, le théâtre ou pour des scénographies d’expositions (L’Impressionnisme et la Mode, Musée d’Orsay 2012), Robert Carsen est un illusionniste.
J’aurai bien aimé que Romane Bohringer soit mon amie. D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours eu cette drôle d’impression. Cela doit être un truc de fan, une sensation familière et un peu irrationnelle. Ce soir-là, chacune à notre place, elle, sur scène, et moi, dans les rangs des spectateurs, nous avons rendez-vous au cœur de Montmartre, là où le fantôme de Charles Dullin hante encore les cintres, dans le très précieux Théâtre de l’Atelier.
Pour la pièce « J’avais un beau ballon rouge », Romane Bohringer est aux côtés de son père Richard Bohringer, c’est une première fois. Troublant.
Norman au Palace, c’était vendredi 13 novembre, rue du faubourg Montmartre. À la sortie du spectacle, encore ignorants des évènements mais affolés par la tension de la rue et des messages ahurissants reçus sur mon téléphone, nous nous sommes engouffrés dans le dernier métro de la soirée, préssés de retrouver nos proches. J’ai mis du temps à repenser à « cet avant ». Pourtant, voici un très joli souvenir de spectacle, il ne sera pas le dernier !
Je lui avais promis. Cela faisait près d’un an que mon fils de 11 ans insistait pour aller voir le one-man-show de Norman. Prenant un air concerné, j’écoutais sa demande, je prenais soin de la ranger bien haut sur l’étagère « on verra plus tard ». Seulement, les garçons se sont acharnés : l’un a multiplié les succès, en province et à Paris, en comptabilisant plus de 200 000 spectateurs venus assister à son spectacle, et l’autre, attentif à la progression de son idole absolue, a recouvert toutes les surfaces visibles de l’appartement (porte, frigo, bureau,...) par des post-it : « penser places Norman », « Norman à Bobino », « Norman à la Cigale »… prose remplacée petit à petit par des « Norman avec des cœurs », puis par un « Merci Maman, je t’aime » subrepticement glissé sous l’oreiller. Impossible de me défiler.
En réponse à l’envie -irrésistible- de France Gall, l’habileté musicale de Bruck Dawit, et sous la houlette du producteur Thierry Suc, la comédie musicale «Résiste» illustre quelques compositions choisies de Michel Berger au Palais des Sports.
Rallongé à grandes cuillerées d’eau de rose, le propos n’a pas grande importance : deux filles et leur père tiennent une boîte de nuit le Lola’s (impossible de ne pas penser au bar de Starmania), il y a des gentils et mauvais garçons (Ziggy ?), des péripéties peu palpitantes, une jeunesse qui se cherche (encore), et en filigrane une grand-mère (France Gall) qui raconte une histoire à sa petite fille… L’intérêt n’est pas là, même si pour tenir ce livret Laurent Hennequin (le père) fait preuve d’un charisme et d’un jeu tout à fait digne des scènes des meilleurs Théâtres. Le mérite de «Résiste» est surtout d’avoir évité les travers du biopic, un exercice souvent casse-gueule qui la plupart du temps égratigne l’image d’un artiste. Pour cette fois, l’intelligence est d’avoir confié les compositions de Michel Berger à de très jeunes chanteurs et danseurs. L’effet est saisissant !
Les 2 h 45 sont passées à la vitesse de l’éclair ! C’est le pari, un peu gonflé, remporté par le metteur en scène Jean-Luc Revol au Théâtre de la Madeleine pour cette adaptation du Roi Lear.
Dans un écrin Hollywoodien, à la veille de la crise de 1929, le monde est en train de changer : une nouvelle fois le chef-d’œuvre de William Shakespeare s’adapte à tous, à toutes les circonstances et à toutes les époques.
Sur le ton de la farce, la pièce démarre sur les chapeaux de roues, les tirades célèbres sont parfois un peu escamotées mais Shakespeare n'en prend pas ombrage. L’esthétisme des années trente par ses costumes élégants renforce l’atmosphère « fin de règne » et l’éclat hypnotisant des personnages démoniaques qui glissent inévitablement vers d’obscurs abysses.
Pour un bon nombre de comédies musicales, les chorégraphies sont décoratives, elles s’esquissent très simplement, en ensembles ou duos, afin de laisser les chanteurs et comédiens s'exprimer (Chorus Line). Pour d’autres c’est l’inverse, la danse est privilégiée et les premiers rôles sont aussi essentiellement chantés (West side story). Et puis, il y a des comédies musicales très exigeantes qui imposent aux artistes d’être à la fois d’excellents chanteurs et d’excellents danseurs (Un Américain à Paris). La comédie musicale Cats d’Andrew Lloyd Webber est de ce registre.
CATS est une œuvre à part entière, chorégraphique, musicale mais aussi picturale, de nombreux coups de griffes sont nécessaires pour faire naître la Jellicle-shère (Félinosphère pour les initiés).
Le nom de Pablo Picasso est entré dans le vocabulaire pour désigner communément un génie. Génial, il l’a été, et génial, il continue de l’être. L’inspiration du Maître est contagieuse, du cubisme au pop art jusqu’au cinéma, les courants et les disciplines artistiques se sont imprégnés de l'oeuvre entière de Pablo Picasso.
A son époque, en très habile metteur en scène de sa propre vie, le fascinant Artiste a tissé la trame culturelle du XXième siècle par son œuvre, mais aussi par ses idéaux politiques et sa recherche intellectuelle autant que par sa vie sentimentale et familiale. Millionnaire fantasque et artiste sincère, l'œuvre entière de Pablo Picasso l’a propulsé au rang de star multimédia bien avant l’heure. Au Grand-Palais, l’exposition Picasso.mania témoigne de cet héritage inépuisable. L’insoumission constante, la créativité hors la toile, tout cela vibre dans le puissant portrait de Pei-Ming Yan (2009), c'est un Picasso vivant, un « homme concept », l'homme compte autant que son oeuvre, un talent extraordinaire hors frontières, hors matières, hors temps, qui s'étire jusqu’aux créations des vidéastes d'aujourd'hui (Tate Liverpool, Rineke Dijkstra 2009)...
"...Luc Petton est en Maître, il sait regarder les vides et écouter les silences, les préceptes des Arts martiaux ne le quittent pas lorsqu’il accueille avec respect les grues de Mandchourie,adversaires et partenaires de combat. L’instant est intense, unique. Les oiseaux et les Hommes sont soumis aux dimensions de l’imprévisible, la communication entre les deux s’établie, ou pas, seule la rencontre compte..."
"...La vidéo de Léonard et le décor très cinématographique de Sophie Jacob renforcent l'ambiance de thriller psychologique, la silhouette d'Alfred Hitchcock semble parfois se dessiner et les couloirs de l'hôpital psychiatrique de "Vol au dessus d'un nid de coucou" s'étirent derrière la porte..."
Le rôle ! Il est le plus jubilatoire, le plus lyrique, le plus fantasque mais aussi le plus casse-gueule. La verve d’Edmond Rostand n’a pas d’égal pour donner vie à Cyrano de Bergerac. La sincérité fait l'homme et le meilleur des hommes, fidèle, attentif, poète, tour à tour sombre et lumineux, drôle, bouillonnant et un brin soupe au lait juste ce qu’il faut pour attirer sur lui les flammes de ses adversaires si nécessaires à son besoin héroïque de se surpasser. Il est seul alors qu’ils sont cent, elle est belle alors qu’il est laid, toute l’empathie du monde se penche sur son cas. Il me semble que le chef d'oeuvre d'Edmond Rostand révèle une des parties les plus belles de notre Humanité.
« Ils s’appellent Laheu et Blason. Ils habitent deux maisons jumelles, ce dernier avec sa fille, l'autre avec son fils. Les deux maisons ont une terrasse commune. Un lien de voisinage, quand ça s’y met, on ne fait pas plus fort ; comme attache, c’est plus fort que le mariage, que l’amitié ou l’amour-passion ; et puis c’est autre chose. Il semble que rien ne puisse leur arriver, tellement ils sont bien calés dans leur microcosme, tous les quatre. Et puis il leur en arrive des masses. Le monde extérieur leur tombe dessus. C’est un tourbillon, une tempête qui dévaste, arrache tout, qui dresse les deux bonshommes l’un contre l’autre dans un égarement sans nom ; Alice et Ulysse, leurs enfants, on pourrait dire qu’ils s’accrochent, comme à un bout d’épave : s’engloutiront-ils ? Et puis, qui aurait pu le prévoir ? Le microcosme se recompose, le lien de voisinage se reforme, décidément il y a là quelque chose qui est plus fort que tout. Il suffit de dire ça et voilà qu’une nouvelle tornade... mais les choses cette fois tournent autrement. » Michel Vinaver.
Après leur succès au Casino de Paris en 2013, les MUMMENSCHANZ sont de retour avec un nouveau spectacle au Théâtre Antoine à Paris du 3 au 12 juillet 2015.
La troupe revient avec une série de numéros inédits en France, l’occasion de découvrir ou de redécouvrir leur monde imaginaire fait d’étranges personnages qui racontent 1million d’histoires en silence. Unique en son genre, les MUMMENSCHANZ ont marqué et marquent toujours le paysage théâtral en choisissant le silence comme langage. Avec un peu de carton et de pâte à modeler, quelques rouleaux de papier hygiénique ou de petits tubes sonores, les MUMMENSCHANZ donnent vie à des univers entiers, emplis de petites et de grandes histoires narrées par d’étranges figures colorées, futuristes, étonnantes…
Depuis sa création, la troupe des MUMMENSCHANZ a “semé ses pépites de rire sur toute la planète”.
Un spectacle culte, inclassable et unique à savourer aussi en famille !
L’idée d’aller voir une exposition sur les légos n’était pas de moi. Au départ, ce fut plutôt une demande insistante de mon petit garçon de dix ans à laquelle j’ai répondu instamment, une sorte de devoir de mère modèle…
L’espace sombre du Parc des expositions de la Porte de Versailles est toujours aussi peu accueillant, aussi les premières sculptures qui s’avancent dans les allées semblent presque vivantes. Résolument pop, le travail de Nathan Sawayane se résume pas seulement à l’éloge de la marque Lego et de ses constructions aux couleurs flash. La petite brique colorée, à l’ajustement simple, est un matériau efficace et moderne pour arriver à la réalisation d’un Art de la sculpture à part entière dont ses aînés wharoliens apprécieraient les compositions chromatiques.
L’ex avocat New-Yorkais saute d’un atelier à l’autre, entre New-York et Los Angeles, il s’impatiente de recevoir, non pas des boîtes, mais des sacs immenses de briques et entame consciencieusement commandes ou inspirations, avec énergie et poésie. Rodin et de Vinci, ou bien Janis Joplin et Bob Dylan, tous sont logés sous la même enseigne, et, balayant le prisme des couleurs primaires de Lego, d’autres formes créatives ouvrent un champ abstrait sensible et parfois fort remuant, totalement inattendu.
Sans en avoir l’air, The Art of The Brick de Nathan Sawaya est une véritable exposition d’art contemporain, dont la vocation peut s’avérer quasi-pédagogique auprès des plus jeunes (pour les emmener plus loin encore...) et véritablement étonnante pour les plus vieux… Allez-y en famille.
La Salle Jean Vilar du Théâtre National de Chaillot s’est tranformée en volière, un voile délicat sépare la scène des rangs des spectateurs comme une invisible frontière volontairement tendue entre l’aérien et le terrestre.
Light Bird@Virginie Pontisso
Une danseuse aux longues jambes articule ses déplacements selon les flexions de son long port de tête, le rythme est gracieux, raffiné et follement interéssant. La musique aux instruments chantants de Xavier Roselle s’empare de l’espace sonore dans un naturel déconcertant. Les danseurs, Sun-A Lee, Yura Park et Gilles Noëls’avancent nullement encombrés par leurs ailes de géants (pour contredire Baudelaire), ils s’oublient dans une chorégraphie savamment dessinée par l’ornithologie et la chorégraphie. Etrange.
Les sensations gagnent en puissance lorsque les oiseaux, mythiques grues de Mandchourie font leur entrée, majestueuses, nullement impressionnées par les lumières de Chaillot et les frissons de son public. Sans nul doute, l’idée relève de l’expérience ou du concept mais ne s’arrête pas là. Les quatre oiseaux et les quatre danseurs créent un univers, une dimension paradoxallement primitive et sophistiquée. La tentation tenace des artistes à vouloir imiter la nature prend tout son sens, et, révèle ici de précieux indices pour y parvenir : la patience et l’observation.
Luc Petton est en Maître, il sait regarder les vides et écouter les silences, les préceptes des Arts martiaux ne le quittent pas lorsqu’il accueille avec respect les grues de Mandchourie,adversaires et partenaires de combat. L’instant est intense, unique. Les oiseaux et les Hommes sont soumis aux dimensions de l’imprévisible, la communication entre les deux s’établie, ou pas, seule la rencontre compte. L’Humain et la nature ainsi consacrés dans une même œuvre, Luc Petton dit «Préserver nos espaces naturels, c’est aussi préserver nos espaces culturels, nos territoires de l’imaginaire», regardons le, écoutons le, et prenons en de la graine !
A l’occasion de son 30ème anniversaire, La Géode organise, du 07 avril au 05 juillet, un festival dédié aux documentaires d’exception dans les spectaculaires formats “pellicule 15/70 pour écran géant hémisphérique” et ”3D relief”.
Pendant trois mois, les spectateurs auront l’occasion unique d’apprécier de trés nombreux films inédits.
Le festival présentera également une rétrospective des grands films qui ont marqué l’histoire de La Géode.
Voyage à l’ère glaciaire, plongées en apnée avec les requins blancs, immersion dans les mondes invisibles, excursions à Madagascar avec les lémuriens… Ces films s’adressent à tous les publics et sont synonymes de découvertes et de sensations fortes.
Au programme également, pour le plaisir des petits et des plus grands des week-ends thématiques : “spécial Dinosaures” (18/19 avril), “spécial Bestioles” (30/31 mai), “spécial Océans” (6/7 juin)
Pendant le festival, le public décidera lui-même de la suite de la programmation de La Géode. Les spectateurs sont invités à noter les films afin de décerner “un prix du Public”. Le film primé sera à l’affiche de La Géode dès le mois d’octobre.
LA GÉODE - 26 AVENUE CORENTIN CARIOU. 75019 PARIS - MÉTRO : LIGNE 7 - TRAMWAY : T3B - BUS : 75, 139, 150, 152 - ARRÊTS PORTE DE LA VILLETTE -
Vous nous avez dit : « faites l’amour pas la guerre. » Nous avons fait l’amour, pourquoi l’amour nous fait-il la guerre ? Maurice Béjart.
La question est posée. Le chorégraphe choisit de lever le voile, voile blanc tel un linceul, jeté sur ce fléau hypocrite, fourbe et impitoyable qui a marqué une trop longue époque (non révolue), dévasté des générations et emporté avec lui, de façon définitive, toute la candeur du miracle de l’amour. Jorge Donn, star de la danse, et, Freddie Mercury, star du rock. Idoles idolâtres dont les carrières sont fauchées en plein vol par la maladie, ils ont 45 ans chacun, seulement. En 1991, Jorge Donn quitte ce monde ; un an plus tard Freddie Mercury déclare être porteur du VIH, il décède le lendemain.
« Mon instrument est un prolongement de moi même. J’ai besoin de le voir, de le toucher, le jouer chaque jour. Son absence crée un manque, il fait partie de ma vie. » Philippe Muller.
Le sensible virtuose à une discographie foisonnante et variée, Philippe Muller enseigne aujourd'hui à la Manhattan School of Music à New-York, auparavant il était professeur au CNSM de Paris de 1979 à 2014. Hier soir, au Théâtre des Champs- Elysées, entourés par l’Orchestre de chambre de Paris, les élèves du Maître se sont réunis afin de rendre hommage aux 50 ans de carrière de leur professeur.
De la très enlevée Rhapsodie Hongroisepour violoncelle et orchestre de David Popper au formidable Violoncelles, vibrez ! de Giovanni Sollima, le programme de la soirée n’oublie pas ses classiques avec le profond et mélancolique Trio n°1 pour piano, violon, violoncelle en si bémol majeur majeur de Franz Schubert ou bien avec les très dansantes Variations sur un thème Rococo pour violoncelle et orchestre de Piotr Ilitch Tchaïkovski, entre autres merveilles… C’est sur ce programme juste et aérien que le toujours très joyeux Orchestre de Chambre de Paris a accueilli la crème du violoncelle français.
L’orchestre de Chambre de Paris a élu domicile au Théâtre des Champs-Elysées pour une série de concerts remarquée, comme à son accoutumée, par une grande intelligence dans le choix du répertoire. Les musiciens sont dirigés, pour ce concert, par le très contemporain Arie van Beek. Sur une idée du prodigieux Gautier Capuçon, les violoncellistes Anne Gastinel, Philippe Muller, Marc Coppey, Henri Demarquette, Edgar Moreau, Raphaël Pidoux, François Salque et Sung-Won Yang soutiennent tour à tour les ventres de bois précieux des violoncelles élancés sur leur pique. Ces personnalités artistiques fortes sont accompagnés par les violonistes Jean-Jacques Kantorow et Marianne Piketty, tandis que Jacques Rouvier marque des accents profonds au piano.
Arie van Beek
Les instruments se font dociles sous l'impulsion des archets, épousant à la perfection les mouvements souhaités par leurs interprètes, les violoncelles chantent. Parfois puissante ou murmurante, tonique ou suave, appuyée ou effleurée, la musique respire. Le violoncelle a quelque chose « d’organique », tant par sa forme que par le son qu’il crée. Ventre magnifique ou poumon fier, il demeure définitivement attaché au corps de son interprète.
Les talents se bousculent sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées, le public s'envole d’un enchantement à un autre. Les plus grands violoncellistes français sont, le temps d’une soirée, redevenus des élèves attentifs et concentrés, ils ont cette grâce incroyable, qui porte les très grands artistes, à affronter les difficultés techniques et le travail infini qu’exigent la maîtrise d’un tel instrument. Et, cette maîtrise parfaite fait naître un vent léger qui éloigne, pour un temps, des réalités du monde pour nous élever ailleurs... Inoubliable, merci.
"Passionné de cinéma, François, dont le rêve est de devenir réalisateur participe à un concours réservé aux adolescents. Les trois meilleurs films auront le privilège d’être projetés dans le cadre d’un prestigieux festival. Il choisit de raconter la résistance des Amérindiens face à l’invasion des colons blancs durant la seconde moitié du XIXe siècle. Un projet bien ambitieux pour un garçon de quinze ans…"
"...Il y a un peu plus de trente ans, au milieu de la surprenante musique de Berlioz entrecoupée de bombardements et de bruits de mitrailleuses, un Frère Laurent peu conventionnel s’écriait devant Jorge Donn et Hitomi Asakawa : “Faites l’amour, pas la guerre !”.
Aujourd’hui, Gil Roman, qui a à peu près l’âge de la création de mon Roméo et Juliette, entouré de danseurs qui n’ont jamais vu ce ballet répond : “Vous nous avez dit : faites l’amour, pas la guerre. Nous avons fait l’amour, pourquoi l’amour nous fait-il la guerre ?”.
Cri d’angoisse d’une jeunesse pour laquelle le problème de la mort par l’amour s’ajoute à celui des guerres multiples qui n’ont pas cessé dans le monde depuis la soi-disant FIN de la dernière guerre mondiale !
Mes ballets sont avant tout des rencontres : avec une musique, avec la vie, avec la mort, avec l’amour… avec des êtres dont le passé et l’œuvre se réincarnent en moi, de même que le danseur que je ne suis plus, se réincarne à chaque fois en des interprètes qui le dépassent.
Coup de foudre pour la musique de Queen. Invention, violence, humour, amour, tout est là. Je les aime, ils m’inspirent, ils me guident et, de temps en temps dans ce no man’s land où nous irons tous un jour, Freddie Mercury, j’en suis sûr, se met au piano avec Mozart.
Un ballet sur la jeunesse et l’espoir puisque, indécrottable, optimiste, je crois aussi malgré tout que The Show Must Go On, comme le chante Queen."
Maurice Béjart
"Le Presbytère n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat..." par le Béjart Ballet Lausanne, musique de Queen et Mozart, costumes de Gianni Versace, au Palais des Congrès , du 4 au 6 avril : immanquable !
Gautier Capuçon, Marc Coppey, Henri Demarquette, Anne Gastinel, François Salque, Sung-Won Yang et toute la jeune génération du violoncelle français se réunissent autour de leur professeur Philippe Muller pour lui rendre hommage à l’occasion de ses 50 ans de carrière, le 2 avril au Théâtre des Champs-Elysées.
De la musique de chambre à l’orchestre de chambre, un programme-festival illustrant toutes les formes de musique autour du violoncelle.
Ma première fois c’était en 1993 au Grand Théâtre de Bordeaux pour Les Noces de Figaro. William Christie dirigeait la musique, et, Robert Carsen architecturait l’espace. Ce soir là, je découvrais qu’il était donc possible de faire traverser la lumière du jour jusqu’à la scène d’un théâtre ? Une autre dimension s’ouvrait… Ce fut un éblouissement, à tel point que mon regard sur les choses de l’éphémère changea définitivement. Robert Carsen, le metteur en scène canadien, est capable de ça et de bien d’autres choses. Que ce soit pour Disneyland (Buffalo Bill’s Wild West Show), pour les plus grands opéras, le théâtre ou pour des scénographies d’expositions (L’Impressionnisme et la Mode, Musée d’Orsay 2012), Robert Carsen est un illusionniste.
Sans en avoir l’air : nous montrons du doigt, sans y prêter attention : nous nommons, et, souvent sans en prendre garde : nous dénonçons. Les mots lancés comme «communautarisme» ou «ségrégationnisme» répondent en choeur aux mots «racisme», «antisémitisme», et, de la façon la plus terrifiante qui soit, au mot : «terrorisme». Dans notre Monde chacun à de plus en plus de mal à trouver sa place, pour y parvenir la plupart d’entre nous commencent par observer la place des autres, c’est une façon de se situer, une sorte de point de vue, pas le meilleur. Car, par mauvais temps la malveillance prend ses aises, plus ou moins avouée, plus ou moins ressentie, pour parfois dépasser les limites, l’Humanité s’en trouve esquintée, on appelle cela «l’horreur» et plus grave encore il est question de "crime contre l'humanité". Ce fut le cas lors du massacre de Charlie Hebdo et de l’épicerie cacher de Vincennes ; à cela, les foules se sont levées, elles ont marché. Des écriteaux noirs comme des faire-parts de décès se sont dressés « je suis Charlie », il y a eu très peu de « je suis juif ». Pourquoi ? A cette question millénaire, je n’ai pas de réponse. En revanche, je peux vous recommander vivement d’assister à la pièce «Le mariage de M. Weissmann» au Théâtre La Bruyère, la plume de l’auteur Karin Tuil se charge d'éveiller les esprits et elle peut être aussi un baume souverain...
« Je m'appelle Saül Weissmann mais ne vous fiez pas à mon nom qui est juif, en dépit des apparences. J'ai été, pendant soixante-dix ans, un imposteur pour les autres et pour moi-même ». Ainsi commence la confession du narrateur qui apprend de la bouche d'un rabbin qu'il n'est pas juif selon la loi de Moïse.
L’identité est un «caractère permanent et fondamental de quelqu’un, d’un groupe qui fait de son individualité, sa singularité», selon le Larousse. Alors lorsque cette «identité», qu'elle soit en partie religieuse, sociale, ethnique, culturelle, professionnelle ou autre, est remise en cause, de quelle façon notre existence s’en trouve t’elle bouleversée ou même menacée ? Tout en cherchant à jauger l’influence de notre « identité » sur notre existence, par son propre regard intérieur ou bien par celui que porte les autres sur nous-mêmes, l’auteur Karine Tuil -aussi lorsqu’il s’agit de citer des sujets aussi graves que les camps d’extermination orchestrés par les nazis pendant la seconde guerre mondiale- traite un sujet souvent esquivé dans les conversations courantes (Interdit, Plon 2001, puis en Livre de Poche). Avec déférence et dans une véritable liberté d'expression, Karine Tuil fonce, rien n’échappe à cette chevalière des temps modernes dans sa quête de vérité.
Pour donner une existence scénique au roman "Interdit", et sur un ton résolument burlesque, Salomé Lelouch s’est intelligemment attelée àl’adaptation et à la mise en scène. Délicatement, avec ce je ne sais quoi « d’éternel féminin » qui lie les mots aux mouvements comme pour un ballet contemporain, le propos se concentre sur l’essentiel. Dans un décor aux lignes pures, un rien minimaliste, trois comédiens formidables se partagent un seul rôle : Jacques Bourgaux, Bertrand Combe et Mikaël Chirinian. Intarissables d’inventions, ils expriment un jeu plein de complicité soutenu par un rythme sans faille réglé au cordeau. Habité de souvenirs terribles et d’anecdotes savoureuses, un univers vaste se déploie : une vie entière pour un seul homme, cela prend de la place…
Et, comme pour tromper l’ennemi tortueux à l'insatisfaite question existentielle que chacun se pose : "qui suis-je ?" , le drame adopte le vocabulaire du bonheur à grand renfort d’autodérision, l’humour juif fixe un point d’honneur à se faire entendre et c’est un régal. La tendresse et la politesse du désespoir rivalisent d’élégance, les intentions de Salomé Lelouch sont souvent ludiques et les comédiens semblent s’y sentir parfaitement à l’aise. L'exercice est adroit, le résultat parfait. Toujours dans le rire, sans prétention, et, dans une rare franchise de ton, « Le Mariage de M. Weissmann » passe en un éclair (de génie), il reste un sentiment de paix, une sorte de compréhension immédiate, un apaisement… nécessaire.
Depuis près de vingt ans, les américains sont fous d’Eifman, en 2004, le New York City Ballet lui commande une œuvre en hommage à Balanchine : «Musagète». Comme un écho à ce rêve américain, à Paris, le « Up and down » de Boris Eifman est une fresque scintillante, et aussi un drame exacerbé par un romantisme dont la culture Russe n’est pas si éloignée… En 2013, Boris Eifman racontait déjà une histoire, celle de «Rodin et son Eternelle Idole», c’était au Théâtre des Champs-Elysées. Ces jours-ci, et entre ces mêmes murs, le chorégraphe Russe propose une adaptation libre du chef-d’oeuvre de l’auteur américain F. Scott Fitzgerald « Tendre est la nuit » (1934).
Le ballet contemporain russe à la sauce américaine
Très proche, le maître du ballet contemporain russe (et au delà), Vaslav Ninjinsky, veille, son souffle chorégraphique habite les lieux, certains déhanchements se font de côté et les bras forment des angles géométriques. Puis, la théâtralité chère à Boris Eifman fait son œuvre et ajoute des notes véloces et harmonieuses. Merveilleux danseurs, ils sont beaux, élancés, ils prennent possession du plateau comme des mannequins sur un podium. Ils s’élancent et s’envolent, les danseuses, majestueuses, allongent des bras-ailes-de-cygnes infinis si particuliers à l’école russe. Là, où la technique est maîtresse, des instants tourmentés - l’inceste, la folie, l’amour - laissent place à la joie de vivre des années folles : ce sont les cabarets et ses nuits de danse et de musique, la magie d’Hollywood qui prend forme par une scène très inventive et drôle, et la liberté affichée des corps qui s'ébrouent dans un ballet en maillots de bain d’époque, coloré et amusant, et, réglé au cordeau façon Balanchine.
Gershwin, dont la famille était originaire de Saint-Pétersbourg…
Dans cette grande liberté de ton, Boris Eifman n’est jamais avare de mouvements, il y a tant à danser, dans une succession de tableaux courts, le chorégraphe se veut metteur en scène, entre comédie musicale et théâtre dramatique. La danse ne s’arrête jamais, sauf lors des changements de tableaux dont les flottements mériteraient quelques attentions scéniques. Entièrement voués à leur discipline, une course effrénée s’engage entre les danseurs, même lorsque le propos est tragique, l’émotion n’a pas de temps ou pas assez de place pour s’exprimer. Dommage. Le patchwork musical de « Up and down » laisse perplexe. Mêlé de compositions de George Gershwin et d’Alban Berg, il y a une cohérence, l’époque réunit les génies (et puis ils étaient amis), seulement les partitions de Schubert ou de Chopin rendent à épaissir un peu trop la sauce, dosée à la louche, c’est un medley de tubes plutôt qu’une véritable intention artistique.
Ce soir de première au Théâtre des Champs-Elysées, la salle est comble, les danseurs et Eifman multiplient les saluts encouragés par la chaleur des applaudissements... Néo-classique et extrêmement narrative, la danse d’Eifman est un genre à part, «Up and down» est assurément un spectacle de grand divertissement rendu intense par l’excellence des Etoiles et du Corps de Ballet de Saint-Pétersbourg.
« Les amoureux de Marivaux » soupirent entre les murs du Théâtre Poche Montparnasse jusqu’au 14 mars. Les troubles de l’amour, si habilement piégés par la plume de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, se dévoilent ici sous la forme d’un conte fantasque, d’un cabaret burlesque ou bien encore d’une revue déjantée, c’est comme il vous plaira, tant que vous vous amusez !
Quatre comédiens se partagent une quinzaine de rôles, entre saynètes légères, esquisses baroques et intermèdes musicaux, l’intention artistique est étonnante, surprenante même. Mais la qualité de jeu des interprètes, l’originalité du ton et l’énergie déployée par ces « Mauvais Elèves » conquièrent le public, il y a comme un exercice de séduction, quelque chose se passe… Du charme, Bérénice Coudy et Elisa Benizio, les deux interprètes féminines, n’en manquent pas, le regard acier un peu étrange de Bérénice Coudy perce le rayon du projecteur, pendant qu’Elisa Benizio, clown et dramaturge sans limite, fait preuve d’un répertoire incroyablement vaste, de l’éberluée excentrique à la séductrice impitoyable, rien ne semble impressionner la jeune comédienne. Dans la même veine, Valérian Behar-Bonnet fait notamment une adroite démonstration de mime tandis que Guillaume LOUBLIER multiplie les facéties.
La mise en scène appliquée, sans en avoir l’air, est signée Shirley et Dino, le couple infernalsaupoudre l’instant magique par des chansons françaises choisies et faire vibrer le plateau sombre par des chorégraphies originales d’un genre indéfinissable...
Voilà de quoi s’amuser tout en restant intelligent (nous sommes au Poche Montparnasse…), et plus encore : de quoi rire de bon cœur ! « Les Mauvais Elèves » sont de remarquables pitres qui servent un texte à regoûter avec gourmandise. C’est à 19h et c’est jusqu’au 14 mars. Réservez, les grands-parents et les enfants sont les bienvenus.